🏚️ Dans les délaissés urbains de Riga

Le diplôme universitaire Espaces Communs était à Riga pour appréhender les enjeux de la fabrique urbaine de la capitale au prisme de l’occupation transitoire. L’étude du cas letton, peu institutionnalisé et en proie à une récupération néolibérale, permet de mettre en perspective les dynamiques d’urbanisme transitoire dans les autres pays européens.
L’architecture et la morphologie urbaine de Riga ont été fortement marquées par les occupations étrangères, l’industrialisation soviétique et l’européanisation. Allant des maisons en bois héritées du XIIème siècle aux imposantes infrastructures et manufactures brutalistes, les bâtiments vides fleurissent dans cette ville en pleine décroissance. En parallèle, la lourde histoire du pays continue d'influencer les mentalités des Letton.e.s, tandis que la démographie décline et que les modes de vie évoluent. Aujourd'hui, les délaissés urbains offrent l’opportunité d’expérimenter la quête d’identité d’une génération prise entre un héritage communiste et des aspirations néolibérales.
Dans quelle mesure les organismes de la société civile vont-ils pouvoir se saisir des délaissés urbains pour repenser la politique urbaine et culturelle lettone ? Comment faire commun dans un pays où la mutualisation fait écho à une période d’occupation traumatique ?
Depuis 2013, l’organisation lettone Free Riga occupe des bâtiments vacants de la capitale lettone. Lors d’un festival organisé par le centre d’art contemporain autour des questions de résilience urbaine, les membres de Free Riga ont collé des stickers « occupy me » sur les façades de nombreux bâtiments vides. Leur intervention artistique a évolué en un réel mouvement politique dénonçant le manque d’espaces de créations pour les artistes et artisans au sein de la ville. Contre une mise à disposition gratuite des bâtiments par leurs propriétaires, l’organisation s’engage à réaliser des travaux d'entretien et de rénovation en suivant un principe de frugalité. Grâce à ce cadre bricolé, leur action s’est déployée autour de l’expérimentation artistique et culturelle.
Pour en savoir plus sur les initiatives inspirantes de Riga, vous pouvez lire l’article qui suit : “Délaissés urbains et expérimentations socio-culturelles lettones : l’exemple de Riga”. Ce dernier est le fruit d’un travail collaboratif entre l’équipe pédagogique du diplôme universitaire, Elsa Buet et Arnaud Idelon, les étudiant.e.s et alumni qui ont participé à cette session avec le collectif Free Riga, et est signé Rosalie Moreau.
Le DU Espace Commun fĂŞte ses 5 ans le 10 juillet Ă Bercy Beaucoup, au programme des ateliers, des intervenants, une visite du site, et un concert (Informations)
PS : Rendez-vous ce soir à Lille, à la halle de Chaud bouillon à 19h pour parler Redirection urbaine avec Sylvain Grisot et l'architecte Cécile Gilles, lors d'une conférence-apéro.

🗓️ Le 25 juin, Formation “Agir face à l’urgence écologique”. Julien Dossier, concepteur de la fresque de la Renaissance Écologique, organise à Nantes deux formations pour apprendre à utiliser les outils “3D” de Renaissance Ecologique et pouvoir animer des ateliers grand public et des sessions expertes. (informations et inscription)
🎧 Podcast. Le monde revient en détail sur le choc que connaît le logement social. Entre ponctions financières par l'état, hausses des charges notamment énergétiques, renchérissement du neuf à cause du foncier et des coûts de construction, besoins d'investissements massifs dans la décarbonation du parc existant et hausse des taux d'intérêt du livret A, l'équation ne tient plus. Pourtant avec la crise que connaît le logement libre, les files d'attente s'allongent comme jamais, et le taux de rotation s'effondre. Autant dire que la remise en cause de la loi SRU dans ce contexte n'apparaît même pas comme une mauvaise réponse au mauvais problème : le logement social est à l'évidence une des clés pour l'avenir, reste à en refonder son modèle. (L’heure du monde)
🚗 Mobilités. En janvier l’atelier parisien d’urbanisme a publié une note analysant l’évolution des véhicules immatriculés dans la métropole du Grand Paris. Cette analyse met en lumière la baisse du nombre de véhicules du parc de la métropole : 38 000 véhicules en moins (tous types confondus) en 2023. La baisse du nombre de véhicules n’est pas un phénomène nouveau, elle a commencé en 2018, cependant elle s’est intensifiée en 2023. Les ménages sont à l’origine d’une grande part de cette baisse, avec 31 000 véhicules particuliers en moins. Si les causes de cette diminution sont multiples, on observe une corrélation entre la diminution de véhicules particuliers et le maillage d’alternative à la voiture ( transport en commun, ou infrastructures cyclables). Ainsi la démotorisation est due, en partie au moins, à un changement d’habitude de mobilité. La baisse du nombre de véhicules particuliers s’accompagne également par l’augmentation du nombre de ceux roulant grâce aux nouvelles énergies, mais ces véhicules restent minoritaires (5,5% du parc). L’analyse révèle que pour la première fois le nombre de véhicules utilitaires légers est en baisse. On peut alors se demander s’il s’agit d’un signal faible, un délaissement au profit du développement de la cyclologistique ? Mais tous les territoires ne sont pas égaux face à ses transformations : la démotorisation suppose des infrastructures de transports en commun ou cyclables de bonne qualité, et accessibles. De plus la mutation du parc des véhicules particuliers vers des véhicules moins polluants n’est possible que pour une partie de la population qui a les moyens de changer de véhicule. Ainsi cette synthèse sur l’évolution du parc de véhicules immatriculés dans la métropole du Grand Paris, nous donne des pistes d’action pour généraliser et intensifier la baisse de l’usage des véhicules motorisés. (APUR)
📙 Pavés de Bruxelles, AAM 2015. Voici un bel ouvrage, massif comme il se doit, qui examine le pavé bruxellois sous toutes ses facettes. Géologie, histoire, esthétique, réemploi, techniques de pose, enjeux économiques et sociaux… De ces textes et de ces photos de ce petit bout de caillou qui peuplent certaines de nos rues, émerge finalement une histoire sociale de la ville. Celle des techniques de la main, de l'industrialisation, d'une mondialisation sans limite, de pertes de savoir-faire, de morcellement des responsabilités, de primauté de la voiture et de renoncement à l'entretien et au durable pour faire du jetable. Voir la ville par ses pavés, en voilà une belle idée.
