👣 Tout ce qui bouge ne roule pas

👣 Tout ce qui bouge ne roule pas
Photo by Raphael Renter / Unsplash

Qui gagnera la guerre entre la voiture et le vélo ? C’est manifestement devenu un sujet conflictuel central pour la presse et les réseaux sociaux. Après quelques décennies de domination sans partage des espaces publics par la voiture, les pistes cyclables camouflées en jaune et la multiplication des panneaux 30 sont-elles les prémisses d’une prise de pouvoir par le vélo ? Il faut dire qu’on ne voit qu’eux ces derniers mois. À deux ou trois roues, avec ou sans moteur, cargos ou pliants, les vélos se montrent et se voient en nombre dans nos rues. Ces mutations accélérées de l’engin ne sont d’ailleurs pas sans relation avec son succès viral. Conquérants (mais pas encore vainqueurs), ils gagnent nombre de batailles, à tel point que les automobilistes manifestent dans les rues… à pied. Mais tout cela est bien beau, mais on oublie une chose essentielle dans ces débats : tout ce qui bouge ne roule pas.

Et oui, d’autres moyens de mobilité existent. Ils sont disponibles à la demande, zéro émission, zéro carbone et ne nécessitent pas de recharge électrique ou d’hydrogène (vert) : ce sont nos pieds. Absente des débats, la marche constitue pourtant près d’un quart des déplacements en France. Elle compte même pour 38% dans l’agglomération parisienne, plus que la voiture (33%) ou les transports en commun (25%). Mais la marche n’est pas qu’absente des débats, elle l’est aussi des politiques d’aménagement de nos espaces publics, comme le baromètre des villes marchables vient de nous le rappeler cruellement. Les résultats des évaluations de leurs villes par les Français sont tellement minables qu’il convient de rappeler que les notes sont sur 20, et pas sur 10. On est en moyenne à 9,2 mais à 8,2 seulement pour les grandes villes. Mentions spéciales à Aubervilliers et Marseille, les seules à passer sous la barre des 6/20 parmi les 200 villes notées. #pasbravo

Alors bien sûr, pour marcher il faut être dans des espaces urbains d’une densité minimale, car passé un certain seuil la ville n’est plus qu’un enchevêtrement de routes et de parkings où le passage d’un piéton est aussi incongru qu’un cerf qui traverse la place de la République. Mais même dans les centres, nous ne faisons pas assez d’efforts pour faciliter la vie des piétons, qui doivent naviguer sur des trottoirs étroits et encombrés, menacés en permanence par les autres modes de déplacement qui prennent toute la place. Tout cela interdit de fait nos rues aux plus fragiles (aînés, enfants, personnes à mobilité réduite…) et pousse ceux qui le peuvent à s’enfermer dans leurs SUV. Il est temps d’agir.

Tout ce qui bouge ne roule pas. Il est donc temps d’inviter le piéton autour de cette table des négociations pour le moment animée par les seules invectives de l’automobiliste et du cycliste. Mais le piéton n’est pas seul à avoir sa place autour de cette table, car la rue n’est pas qu’un tuyau conçu pour uniquement se déplacer. Une rue, ça sert aussi à s’asseoir, attendre, manifester, discuter, boire, jardiner, vendre, aimer, apprendre, débattre, bronzer… Mille choses plus intéressantes que d’y stocker des boîtes en fer. La rue c’est l’espace de la résilience, le lieu du collectif et le cœur de notre démocratie. Elle vaut mieux que des débats stériles entre ceux qui ont deux roues et ceux qui en ont quatre, et mérite enfin toutes nos attentions.

— Sylvain

PS : Merci à Renaissance Ecologique pour cette image interactive des fresques amies dont la Fresque de la ville fait partie ! Nous attaquons d’ailleurs un grand chantier 🏗 pour réaliser la version 2 de la fresque de la ville, si vous avez envie d’y participer faites nous signe.

Récit · Le sol comme ressource

A Strasbourg, l'aménageur SPL Deux Rives porte un projet innovant de recyclage des terres polluées sur site. Dans une démarche d'économie circulaire et de sobriété en sol, l'opération Valozac participe à refaire la ville sur elle-même d'une manière la plus vertueuse possible.


Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

đź“… Agenda.

  • Du 20 au 25 septembre : festival Building Beyond, oĂą Sylvain interviendra le 24/09 Ă  13h. (Leonard)
  • Le 23 et 24 septembre, Ă  Rennes : rencontres inter-mondiales “De nouvelles manières de faire en architecture(s) et en urbanisme(s)”. (RIM)
  • 25 septembre : atelier d’imagination et d’écriture collective “Et si demain le Vivant disposait vĂ©ritablement de droit ?”. (Futurs Proches)
  • 28 et 29 septembre : confĂ©rences en ligne sur “la transition Ă©nergĂ©tique Ă  l'Ă©chelle du quartier : efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique et nouveau bâti”. Sylvain interviendra le 29 Ă  11h30. (Office Franco-Allemand)
  • 29 septembre Ă  Paris : confĂ©rence de Laurent Davezies et David DjaĂŻz sur le soutien de l'Etat aux territoires. (Club Ville AmĂ©nagement)
  • 29 septembre : confĂ©rence d’Al Gore adressĂ©e aux chercheurs “The case for climate optimism”. In English. (Frontiers)
  • 29 septembre Ă  Toulouse : petit-dĂ©jeuner avec Marie-Ange Debon, prĂ©sidente de l'Union des Transports Publics et Ferroviaires. (Femmes en Mouvement)

❗ Soutien. On aime, on lit, donc on soutient : Mediacités a besoin de vous pour continuer de faire des enquêtes locales sérieuses en restant indépendant. (Mediacités)

🎙️ Emission. Encore le débat de midi où l'on parle cette fois d’exode urbain. Mais qui rimerait finalement plus avec périurbanisation que retour à la campagne... (France Inter)

🤔 En débat. On en parle sans cesse, mais le sujet mérite toujours réflexion... Quels vont être les effets, à long terme, du Covid sur l'organisation du travail, des mobilités et de la ville ? Cet article penche pour un travail aux horaires plus flexibles, avec des mobilités pendulaires amoindries et une ville plus polycentrique. (Ze Village)

🥵 Ca chauffe. C'est bien connu, on le ressent déjà, il fait chaud dans nos villes asphaltées. Pourtant, cette courte vidéo nous montre de nombreuses possibilités pour atténuer ce changement. On vous avait d'ailleurs déjà parlé des toits blancs. (Le Monde)

📖 A lire. Culture et Métropole, Une trajectoire montpelliéraine, par Emmanuel Négrier et Philippe Teillet (Cahier POPSU, Editions Autrement)

A l'heure où la culture se déconfine progressivement, cet ouvrage permet de comprendre comment les politiques publiques du "monde d'après" pourront se faire. En interrogeant la construction des politiques culturelles des métropoles au travers d'une étude quantitative et qualitative, les auteurs montrent la grande diversité de situations de la gouvernance culturelle en France. Levier majeur de l'attractivité territoriale, la culture reste encore peu rattachée aux métropoles. Par cette analyse du cas montpelliérain on comprend mieux les récits politique et culturel qui sous-tendent le déploiement de l'action publique.

Montpellier s'est très tôt distinguée dans son histoire par l'accent qu'elle met sur la culture. [...] Ce catalogue est conçu pour établir une image de ville fondée sur la performance et l'excellence, attirer de nouvelles catégories de population et dévitaliser la droite urbaine, pour laquelle l'offre représente un idéal que n'aura jamais atteint l'équipe conservatrice antérieure : deux opéras, un grand festival classique, et la sensation de s'établir dans la modernité.

💪 Démocratie du faire. Interview de Loïc Blondiaux, politologue, qui appelle à plus de participation citoyenne. Le geste, plutôt que la parole, pourrait redevenir un moyen d'action. Il cite notamment l'essai de Matthew Crowford Eloge du carburateur, qu'on vous conseille vivement. (Libération)

🌊 Ca déborde. Que faire si le changement climatique tourne vraiment à la catastrophe ? Question très pragmatique, on pourrait même enlever le "si". Dans cet article, des solutions "nature-based" pour s'adapter face à la multiplication des inondations. Les digues n'étant, vous allez le voir, plus très à la mode. (Heidi-news)

🗼 Toujours plus haut. C’est sûr, on n’a pas fini de se prendre la tête sur la bonne densité. Mais il y aurait un consensus (et encore) à dire qu’il est plus durable de construire en hauteur que de s’étaler. Et bien, peut-être pas tout le temps : avoir une forte densité, oui, mais attention à ne pas aller trop haut, car passer un certain stade, cela ne devient plus intéressant pour notre empreinte carbone. In English.(Bloomberg)

Via @tintinade

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dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment :

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