🌋 Vivre avec les risques

🌋 Vivre avec les risques
CrĂ©dit : Antoine Petitjean, Associer architectes-urbanistes

L’habitabilitĂ© de nos territoires est menacĂ©e par le changement climatique, qui intensifie et multiplie les alĂ©as. Si, pour certaines communes comme Frontignan, la menace reste encore lointaine et laisse le temps d’anticiper et de s’adapter, d’autres n’ont pas ce luxe. Certains territoires doivent dĂ©jĂ  faire face Ă  des risques imminents qui posent dĂšs Ă  prĂ©sent la question de leur habitabilitĂ©. C’est le cas du PrĂȘcheur, une commune de 1 500 habitants situĂ©e sur le littoral martiniquais, au pied de la montagne PelĂ©e. Ce territoire est exposĂ© Ă  de multiples risques : cyclones, sĂ©ismes, inondations, coulĂ©es de lave, Ă©rosion cĂŽtiĂšre et montĂ©e des eaux... Face Ă  cette situation, certains auraient pu choisir le fatalisme ou la fuite. Mais la population de la commune a dĂ©cidĂ© de continuer Ă  vivre au pied du volcan.

L’objectif : dĂ©finir une stratĂ©gie de recomposition spatiale pour s’installer plus loin du littoral et des secteurs Ă  risque. Une telle recomposition nĂ©cessite du temps, des moyens financiers et surtout d'une ingĂ©nierie solide. Depuis 2018, la commune s’entoure donc de partenaires publics et privĂ©s : le PUCA, des Ă©quipes d’architectes et d’urbanistes, la DEAL
 Ensemble, ils font Ă©merger un plan guide qui organise le dĂ©placement du bourg-centre, avec la construction de 300 logements sociaux, ainsi que d’une Ă©cole qui servira Ă©galement d’infrastructure sociale et de lieu refuge en cas d’alĂ©a. PensĂ©e pour rĂ©sister au choc, cette Ă©cole permettra non seulement de mettre en sĂ©curitĂ© les habitants, mais elle est Ă©galement conçue comme un hĂ©bergement d'urgence jusqu’au retour Ă  la normale, tout en rouvrant une partie de ses classes.

Une telle rĂ©organisation du territoire ne se fait pas sans ses habitants : il faut s’assurer que les logements et Ă©quipements rĂ©pondent bien Ă  leurs besoins. Dans cette optique, un dialogue de terrain a Ă©tĂ© engagĂ© tout au long du projet. Un « Atlas des modes de vie » a Ă©tĂ© constituĂ© avec des habitants volontaires, pour documenter les usages et les formes d’habitat autoconstruit. Cet atlas sert aujourd’hui de rĂ©fĂ©rence pour la conception des futurs logements, qui ont Ă©galement pour objectifs d’ĂȘtre construits avec des matĂ©riaux locaux, et biosourcĂ©s ou gĂ©osourcĂ©s.

Mais rien n’est encore fait. Ce travail de longue haleine se heurte aux difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă  un projet aussi complexe. La bonne volontĂ© et la crĂ©ativitĂ© ne suffisent pas : il faut trouver des chemins de traverse pour avancer malgrĂ© tout. Il le faut, car le risque est grand de susciter des espoirs sans concrĂ©tisation, avec Ă  la clĂ© dĂ©ception et dĂ©sengagement. Pour en savoir plus sur ce projet, Sylvain rencontre aujourd’hui Antoine Petitjean, architecte-urbaniste associĂ© de l’atelier Philippe Madec, qui travaille avec la commune du PrĂȘcheur.

— Camille Tabart (LinkedIn)

PS : Pour les commandes de nos livres hors France, les frais de port sont offerts jusqu'au mois de juillet avec le code MERCI. Profitez-en avant une forte augmentation des tarifs postaux !

📅 Jusqu’au 13 juillet. L'exposition « Tout garder/tout changer » vise Ă  partager les solutions inventives et positives pour rĂ©parer et transformer les villes et les territoires, les adapter aux effets des dĂ©rĂšglements climatiques, les faire durer et ainsi trouver les justes Ă©quilibres. Une exposition conçue dans le cadre de la Biennale d’Architecture et de Paysage Ă  Versailles (Bap2025!). Au-delĂ  de l’exposition, des tables rondes se dĂ©rouleront tout au long de ces deux mois.  

💭 Le devoir de rĂȘver. La redirection (urbaine et Ă©cologique) de nos sociĂ©tĂ©s a besoin de rĂ©cits. Dans ce podcast de Bienvenu en Utopie, Adrien Rivierre, expert de la mise en rĂ©cit, raconte la relation de l’espĂšce humaine aux rĂ©cits, et plus particuliĂšrement la force des utopies et dystopies pour changer notre sociĂ©tĂ©. En imaginant le futur, paradisiaque ou apocalyptique, c’est le prĂ©sent que l’on transforme. Que les utopies et dystopies dĂ©sespĂšrent ou au contraire stimulent, tout est mieux que l’anti-utopie, qui Ă©nonce qu’il n’y a aucune alternative possible. Ce discours nous empĂȘche de rĂȘver, enferme nos imaginaires avant mĂȘme que nous passions Ă  l’action.

💩 Le bruit de l'eau d'Alain Bujak et Laurent Bonneau (Ă©ditions Futuropolis 2024). Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, la tempĂȘte Alex dĂ©vastait la vallĂ©e de la Roya, dans les Alpes-Maritimes. Cette bande-dessinĂ©e, riche en couleurs et ponctuĂ©e de photos, donne la parole aux habitants qui ont vu la riviĂšre sortir de son lit et emporter avec elle des morceaux de leur territoire. Cet ouvrage dresse Ă©galement le bilan de cet alĂ©a climatique inattendu et questionne la rĂ©silience de nos territoires face au changement climatique. Aux voix des habitants se mĂȘle la voix de la riviĂšre, personnage Ă  part entiĂšre de cette histoire et de ce territoire, l'occasion de s'interroger sur notre lien au non-humain et Ă  la place qu'on lui accorde dans nos projets d'amĂ©nagement.

Une inondation, c’est la rencontre d’une crue avec un enjeu Ă©conomique ou humain. C’est un alĂ©a. Il n’y a pas d’inondation dans un paysage naturels. Il y a des crues.

Aptitudes territoriales (André Corboz)

"L’idée fondamentale, c’est que toute intervention n’est pas possible, souhaitable ou admissible partout. (...) Mais cette idée, que l’on peut qualifier d’écologique au sens le plus large, a mis beaucoup de temps à émerger. (...) Adopter le point de vue du territoire suppose un postulat, ou du moins une prise de conscience : (...) intervenir sur le territoire, c’est intervenir sur quelque chose qui est déjà un produit, qui résulte déjà d’une longue série de processus, bref, qui est déjà humanisé."

Ce qui frappe chez André Corboz (1928-2012), c’est l’incroyable variété des sujets et des genres, qui ne sont pas localisables à l’intérieur d’une discipline donnée. Trois qualités irriguent son Ɠuvre : la curiosité, le nomadisme disciplinaire et l’érudition, comme l’écrivait Bernardo Secchi. Il a publié de nombreux articles et ouvrages traitant de l’histoire de la peinture, de l’architecture et de l’urbanisme, dont Invention de Carouge, 1772-1792 (Payot, 1968), Haut Moyen Âge (Office du Livre, Fribourg, 1970), Canaletto. Una Venezia immaginaria (Electa 1985), Le Territoire comme palimpseste et autres essais (Les éditions de l'imprimeur, 2001).

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