🚮 Les bases du réemploi

Il faut que je vous raconte une visite singulière que j’ai faite il y a peu. Tout a commencé par l’organisation d’une conférence à Bordeaux, mais l’idée était de sortir des sentiers battus. Alors la Fab - un des aménageurs de la métropole - a eu la bonne idée d'organiser la rencontre à la Base du Réemploi. Côté pile c’est un lieu ouvert au public qui sert de maison du projet urbain de Mérignac-Soleil ; côté face c’est un vaste espace qui sert à la fois de lieu de stockage et d’atelier de production dédié au réemploi. Et la transformation de cet ancien local commercial a bien entendu servi de démonstrateur, avec plus de 50 tonnes de matériaux réemployés, qui ont nécessité 500 heures d’emplois de réinsertion pour plus de 20% du budget des travaux, sans surcoûts par rapport à un chantier classique.
Un tel lieu est crucial dans une filière de réemploi, car disposer d’espace de stockage entre les chantiers de déconstruction sélective et les opérations de construction destinées à accueillir les matériaux récupérés est indispensable. Il serait vain de tenter de synchroniser des chantiers dont les plannings dérivent inexorablement, et absurde de transporter ces matières dans un hangar distant pour les stocker temporairement, au risque de plomber leur bilan carbone. Il faut donc de la place au cœur de la ville, ce qui n’est pas sans poser de problème quand le foncier est une denrée rare. C'est une des raisons pour laquelle avoir un aménageur à la manœuvre facilite les choses, puisque le foncier est la matière première qu’il transforme.
Mais ce montage a un autre atout. Un aménageur dont le métier est de transformer le tissu urbain intervient sur des déconstructions, et peut aussi prescrire une part de réemploi dans ses cahiers des charges sur les opérations neuves comme de réhabilitation. Il tient donc les deux bouts de la chaîne : l’offre de matériaux de la mine urbaine constituée des bâtiments voués à disparaître, et la demande générée par les nouveaux chantiers. C’est tout l’enjeu de l’émergence de filières de réemploi. Il faut, dans chaque territoire, synchroniser l’offre et la demande pour éviter d’avoir des entrepôts remplis de matériaux qui ne trouvent pas preneurs, ou des chantiers qui importent de très loin des matériaux réemployés introuvables à proximité.
Ici, il y a un acteur mobilisé qui sait donner forme opérationnelle à de belles idées, un lieu singulier qui rend possible et visible la naissance d’un écosystème local et des professionnels engagés qui font vivre ces démarches et circuler les matières. C’est bien sûr un moyen de réduire les montagnes de déchets, la consommation de ressources et les émissions carbone. Ces travaux qui nécessitent moins de matière mobilisent aussi plus de main-d’œuvre, c’est donc aussi une bonne façon de redonner de la valeur au travail des femmes et des hommes sur les chantiers et d’en conserver les retombées sur nos territoires. Mais ici comme ailleurs, tout cela reste fragile. Il est nécessaire d’accélérer localement le déploiement de la filière pour créer des conditions économiques stables permettant d’intégrer le réemploi à la fabrique quotidienne de la ville. Il y a aussi besoin de faire essaimer la démarche dans d’autres territoires, alors ne manquez pas la visite qui suit.
— Sylvain Grisot (LinkedIn)


đź“… Deux dates Ă ne pas rater :
- Le 7 novembre à Rennes, Forum National du Foncier portera sur la thématique : “Vers une transition foncière sobre et résiliente : Transformer les défis en opportunités durables”, avec au programme : table ronde, retour d’expérience et atelier.
- Jusqu’au 4 décembre, appel à projets « L’échappée des sens ». La Samoa et Nantes Métropole ont lancé un appel à projets pour un parcours bien-être sur l’île de Nantes. Ce parcours, prévu pour 2025, se concentrera sur la qualité de l’air, le confort acoustique et thermique. Cet appel à projets invite designers, artistes et entrepreneurs à participer à la conception de l’identité artistique de ce parcours.
📻 Nouvelle-Calédonie : l'impasse ? La recette est connue. Prenez une dépendance à des ressources clés, une absence de projet commun et une polarisation politique. Ajoutez une crise du modèle économique, une dose d'aveuglement et des politiques qui jouent avec le feu, et vous obtiendrez une explosion sociale et des fractures ouvertes pour longtemps. La Nouvelle-Calédonie est dans l'impasse, et Paris regarde ailleurs. Nora Hamadi revient cette saison avec une nouvelle émission plus longue, intitulée "Douce France", que l'on va suivre attentivement.. (France Culture)
🏝️ La « nature sauvage » peut-elle être construite par des mains humaines ? « Les îles de l’archipel de Marker Wadden, aux Pays-Bas, ont été construites avec de la boue et du sable extraits du fond du Markermeer, un lac “mort” qui s’est formé lorsqu’un bras de mer salé a été endigué. “C’est comme un simulacre, une copie de quelque chose qui n’a pas de véritable original, car il n’y a jamais eu d’archipel d’eau douce dans cette région”, note Eric Higg, spécialiste du réensauvagement. Ce projet coûteux soulève des questions sur ce que la restauration écologique peut accomplir. “Ce qui me plaît dans Marker Wadden, c’est qu’il ne s’agit pas de restaurer les caractéristiques du passé, mais de se tourner vers l’avenir et de se demander ce que l’on peut faire pour améliorer la biodiversité aquatique”, explique l’écologiste Liesbeth Bakker » (Nature, via la Veille Environnement Ville et Société)
📖 Les Utopiennes, Bienvenue en 2044. Les Utopiennes reviennent avec un nouveau numéro, venu tout droit de 2044. De nouveaux auteurs et artistes, tous rêvant d’une nouvelle manière de faire le monde, ont participé à cet ouvrage collectif pour nous laisser entrevoir ce que pourrait être un demain qui donne envie. Dans ce nouveau numéro, vous trouverez les témoignages d’habitants du futur sous forme de récits, d’entretiens, de poèmes, de bande dessinée… (éditions la mer salée)

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