đŸ—łïžÂ Pour la France qui vote avant 18h

đŸ—łïžÂ Pour la France qui vote avant 18h

Nous avions lundi matin une vraie sensation de gueule de bois dĂ©mocratique. C’est le vertige qui nous prend quand un pied glisse au bord du prĂ©cipice, en prĂ©lude — ou pas — Ă  la chute. Un pincement au cƓur aussi, quand tout risque de basculer mais qu’il ne faut pas inquiĂ©ter les enfants. Tout cela peut devenir aussi leur problĂšme, mais c’est encore de notre seule responsabilitĂ©.

Si l’extrĂȘme droite joue avec la recette Ă©prouvĂ©e et malodorante du « eux » contre « nous », elle bĂ©nĂ©ficie aussi du terreau fertile des alternatives politiques qui peinent Ă  comprendre que la crise Ă©cologique est sociale, et que notre incapacitĂ© Ă  Ă©laborer un juste partage des efforts peut emporter notre dĂ©mocratie. Quand les temps sont turbulents, la politique doit renouer avec les visions claires et le courage, en laissant de cĂŽtĂ© les tactiques Ă  trois bandes et les ego encombrants.

Il est temps de rĂ©pondre aux angoisses d’une bonne partie du pays, et singuliĂšrement celle qui vote avant 18 h hors des grandes villes. Entre les peurs du dĂ©classement, de vieillir seul, de grandir difficilement, de faire les frais des transitions et les injustices de toutes natures, la coupe est pleine. Toutes et tous attendent lĂ©gitimement des rĂ©ponses structurĂ©es, sincĂšres et qui donnent envie.

Alors bien sĂ»r la fabrique de la ville ne peut pas tout. Mais l’adaptation de nos villes et de nos territoires face aux crises doit faire enfin partie des dĂ©bats politiques locaux et nationaux, car c’est une rĂ©ponse aux peurs lĂ©gitimes de beaucoup, un vrai levier de transition et un magnifique sujet pour retisser notre dĂ©mocratie par les actes. À nous de sortir du dĂ©ni du vieillissement et des angoisses de la jeunesse, de retisser les pĂ©riurbains en apportant des alternatives Ă  la dĂ©pendance automobile, de lancer la vaste transformation de nos quartiers qui doit ĂȘtre une opportunitĂ© pour chacun et pas que pour certains, de bĂątir un espace public vĂ©ritablement intĂ©grateur, d’initier une prospective territoriale comme sujet de conversation dĂ©mocratique et d’enfin mettre fin aux Ă©goĂŻsmes locaux.

Tout ne va pas se rĂ©gler en deux tours de lĂ©gislatives dans les prochaines semaines. Mais en fonction du rĂ©sultat de ces Ă©lections, il sera possible d’y travailler vraiment, ou pas. Je vous partage ma peur teintĂ©e de ras-le-bol de l’avoir vu comme tout le monde arriver, et un appel Ă  pousser les alternatives. Il y a quelques semaines on faisait un parallĂšle avec un ami entre ces vagues qui vont toucher le littoral et cette vague brune qui menaçait les urnes. Nous les avons vues venir sans agir, mais maintenant que nous avons les pieds dans l’eau, il nous faut rĂ©agir.

— Sylvain Grisot (LinkedIn)

📆 Quelques dates Ă  ne pas rater : 

  • Les 18 et 19 juin, Rencontres Nationales du Management de la MobilitĂ©. Le Cerema, l’ADEME et le CNFPT organisent la 8Ăšme Ă©dition de ces rencontres Ă  Lyon sur le thĂšme de « Le management de la mobilitĂ©, accĂ©lĂ©rateur de la sobriĂ©tĂ© carbone ? ». (Informations et inscription)
  • Le 19 juin Ă  16 h, Discussion publique avec Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. L’École Nationale SupĂ©rieure d’Architecture (ENSA) de Nantes organise une discussion publique avec les deux architectes qui ont rĂ©alisĂ© ses bĂątiments.
  • Les 20 et 21 juin, Rencontres Nationales des Fermes Municipales. Ces derniers mois les projets de fermes bio portĂ©s par des villes ne cessent d’éclore un peu partout en France. C’est pourquoi la ville de Mouans-Sartoux et Potagers & Compagnie ont dĂ©cidĂ© d’organiser une rencontre nationale des fermes municipales pour partager des retours d’expĂ©rience. (Informations et inscription

đŸšïž Habitat indigne. Depuis 2016, les collectivitĂ©s disposent d’un nouvel outil pour lutter contre l’habitat indigne : l’autorisation prĂ©alable de mise en location. Ce permis de louer, utilisĂ© dans 400 communes, impose aux propriĂ©taires voulant louer leur bien, d’obtenir une autorisation auprĂšs des pouvoirs publics. Cette autorisation garantit que le logement rĂ©pond bien aux critĂšres de dĂ©cence, et permet aux collectivitĂ©s de surveiller les biens mis en location. Elle permet Ă©galement d’inverser la charge de la preuve, puisque ce n’est plus au locataire de prouver que le logement est insalubre, mais au propriĂ©taire de prouver que son bien est conforme. Cependant l’efficacitĂ© de cet outil reste limitĂ©e, car il demande d’importants moyens financier et humain et doit ĂȘtre accompagnĂ© par d’autres mesures, comme l’incitation financiĂšre Ă  rĂ©nover ses biens. (MĂ©tropolitiques)

đŸ‡ȘđŸ‡ș Élections EuropĂ©ennes. Le Rassemblement National a rĂ©alisĂ© un score historique dimanche dernier. MĂ©diapart s’appuie sur les analyses de deux chercheurs en sciences politiques pour expliquer ces rĂ©sultats du point de vue de la sociologie des Ă©lecteurs et de leur territoire de rĂ©sidence. Il s’agit avant tout d’un vote d’opposition Ă  l’exĂ©cutif, le RN a absorbĂ© une partie des mĂ©content de la politique nationale en cours. Bien qu’ayant progressĂ© dans tous les milieux sociaux, les Ă©lecteurs RN sont avant tout des personnes issues des milieux populaires, notamment ouvriers, avec un faible niveau de diplĂŽme. Quant Ă  la gauche, elle semble avoir perdu ses bastions territoriaux, tels que l’AriĂšge, mais elle est surreprĂ©sentĂ©e dans les grandes villes. (MĂ©diapart

La visualisation des résultats des européennes sur les grandes villes de plus de 200 000 habitant·es, qui concentrent des fonctions métropolitaines et sont des points d’ancrage de la mondialisation économique et culturelle, permet de l’illustrer d’une autre manière. Le contraste avec les résultats dans la France entière est plus saisissant que jamais. Hormis les cas spécifiques de Marseille et de Nice, on y voit une surreprésentation impressionnante de la gauche et une sous-représentation tout aussi remarquable de l’extrême droite. À l’inverse, dans des départements entiers, l’extrême droite navigue entre 35 % et 50 %, avec une gauche dépassant péniblement les 20 %. 

📖 S’adapter au rĂ©chauffement climatique, DARD/DARD n° 10, printemps 2024. Un beau numĂ©ro qui s’attaque de front Ă  la question de l’adaptation au rĂ©chauffement climatique, puisque le dĂ©bat attĂ©nuation VS adaptation a eu lieu 30 ans trop tard. Il nous faudra donc faire les deux, et la question de l’adaptation vue des territoires est tout de suite plus complexe que sur un PowerPoint. Les articles reviennent sur diffĂ©rents enjeux, avec une large place donnĂ©e Ă  la question des inondations et du littoral menacĂ©. Mais des portraits et des rĂ©cits qui Ă©maillent ce numĂ©ro, Ă©merge surtout l’idĂ©e d’enjeux politiques et humains. Comment regarder ensemble les vagues qui montent ? Comment s’accorder sur les renoncements Ă  accepter ? Comment s’inventer d’autres avenirs ? Comment amorcer le mouvement et rĂ©partir Ă©quitablement les efforts ? Une fois de plus les enjeux climatiques questionnent le cƓur de notre dĂ©mocratie.

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