🏡 Le ZAN contre le mal-logement

🏡 Le ZAN contre le mal-logement
Fondation pour la Nature et l’Homme et la Fondation Abbé Pierre

La lutte contre le mal-logement est-elle compatible avec celle contre l’artificialisation des sols ? La Fondation pour la Nature et l’Homme et la Fondation Abbé Pierre se sont attaqués à cette question épineuse dans un récent rapport qui mérite une lecture détaillée, tant pour ses qualités pédagogiques que ses propositions.

Partons dĂ©jĂ  d’un fait tĂŞtu : la crise du logement ne date ni de la loi climat rĂ©silience ni mĂŞme du dĂ©but de la chute de la production neuve. Elle touche aujourd’hui 20 % de la population française, entre des fragilitĂ©s qui concernent plus de 12 millions de personnes (copropriĂ©tĂ©s dĂ©gradĂ©es, impayĂ©s, inconfort…) et plus de 4 millions de personnes qui sont très mal ou pas logĂ©es. Ă€ cela s’ajoutent les enjeux de transition et climatiques, qui dĂ©montrent une fois de plus que la crise Ă©cologique est sociale. Ce sont les mĂŞmes qui habitent un logement inconfortable, sont en prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique, sont exposĂ©s aux risques climatiques et ont du mal Ă  boucler les fins de mois, et l’étalement urbain accentue la dĂ©pendance automobile de certains. Mais mĂŞme si le ZAN qui s’annonce Ă  peine n’a rien Ă  voir avec ces constats, ne risque-t-il pas d’accentuer les crises ? Les deux fondations font l’analyse inverse :

« À rebours des discours qui tentent d’opposer ambitions Ă©cologiques et justice sociale, nous ressortons de ce travail commun avec la conviction qu’un dialogue nourri et exigeant permet d’articuler les impĂ©ratifs environnementaux et sociaux : qu’il est possible de rĂ©ussir le ZAN tout en rĂ©duisant le mal-logement. »

Et si le ZAN Ă©tait l’occasion d’un changement de modèle nĂ©cessaire pour rĂ©pondre enfin au mal-logement ? La Fondation AbbĂ© Pierre a estimĂ© le besoin annuel de logements Ă  400 000 pendant 10 ans pour rĂ©pondre aux besoins. Mais produire des logements ne veut pas que dire construire des logements neufs. Toute une palette d’autres modes d’action est Ă©voquĂ©e : lutte contre la vacance et la sous-occupation, transformation de bureaux en logements, densifications horizontales et verticales, habitat lĂ©ger, recyclage de friches… Les outils pour mettre en Ĺ“uvre cette production sont complexes, mais connus et dĂ©jĂ  mis en Ĺ“uvre dans certains territoires : densification des dernières opĂ©rations en extension, accompagnement du parcours rĂ©sidentiel des seniors, encadrement des loyers et des prix, intervention foncière, fiscalitĂ© de la vacance, soutien au logement social, dĂ©veloppement de l’ingĂ©nierie territoriale... Certaines de ces actions sont dans les mains du lĂ©gislateur ou du gouvernement, d’autres du ressort des collectivitĂ©s locales, mais beaucoup dĂ©pendent de la capacitĂ© des acteurs de la fabrique de la ville Ă  engager leur propre redirection. Ce n’est pas un changement de règle que provoque le ZAN, mais un changement de monde, avec une convergence des luttes contre le mal-logement et contre l’artificialisation des sols. Ce n’est pas une surprise, mais ça va mieux en le lisant.

– Sylvain Grisot (Linkedin)

PS : Prochains rendez-vous autour de la Redirection urbaine :

Réussir le ZAN et réduire le mal-logement, c’est possible !
La FNH et la FAP montrent que l’objectif Zéro Artificialisation Nette est une opportunité de lutter contre le mal-logement.

🗓️ Le 5 avril, Causerie urbaine avec Guillaume Ethier - Espace public et sociabilité contre la smart city. La libraire le Genre Urbain organise une rencontre avec Guillaume Ethier, professeur à l’Université du Québec à Montréal et auteur du livre La ville analogique. Dans ce livre Guillaume Ethier défend l’idée que la migration quasi intégrale de notre vie collective vers Internet serait une invitation à réinvestir la ville en chair et en os. S’inspirant de la technologie analogique, il convoque les formes urbaines du passé pour imaginer la ville de demain, en évitant le piège de la nostalgie. Alors que la ville physique et la cité numérique seront de plus en plus appelées à cohabiter, il semble nécessaire de réfléchir aux milieux de vie urbains que nous nous souhaitons. (Genre Urbain)

🛡️ Assurance. Le changement climatique intensifie et gĂ©nĂ©ralise les catastrophes naturelles, mais il modifie aussi la gĂ©ographie des risques telle que nous la connaissons. En effet, certains risques climatiques sont devenus des certitudes, comme les feux de forĂŞt qui reviennent chaque annĂ©e en Californie, tandis que d’autres surviennent dans des territoires oĂą nous ne les attendions pas. Cette nouvelle gĂ©ographie des risques rend compliquĂ©e la modĂ©lisation et la prĂ©vention. Ainsi, assurer les biens et les bâtiments face Ă  ces Ă©vĂ©nements devient de plus en plus complexe. Alors que le secteur de l'assurance commence Ă  segmenter le marchĂ© et Ă  se retirer de certains territoires, comment continuer Ă  garantir l’habitabilitĂ© de nos territoires ? (AOC media)

🏗️ Bâtir ou construire. Deux verbes synonymes : bâtir et construire, pourtant ces deux termes renvoient à des imaginaires différents. Bâtir est ancré dans la matérialité, il désigne uniquement des édifices, tandis que construire est plus large, nous pouvons construire de nombreuses choses : une maison, mais aussi des meubles ou même une pensée. Au-delà de leur simple définition, ces deux verbes illustrent deux approches du territoire : bâtir s’apparente à une conception germanique, où le bâtisseur prend soin de l’environnement, alors que construire relève davantage d’une conception latine, où le projet tente de s’affranchir de son contexte. Nous pouvons alors nous demander quelle conception doit guider la fabrique de la ville de demain, faut-il renoncer à construire et préférer bâtir et prendre soin de l’environnement ? (Constructif)

🥔 Encore des patates ?! Le nombre de bénéficiaires à l’aide alimentaire ne cesse d’augmenter, tandis que de l’autre côté de la chaîne, les agriculteurs peinent à vivre de leur activité. Étrange paradoxe : un prix de l’alimentation trop élevé pour de nombreux français, qui pourtant ne permet pas la rémunération des producteurs à leur juste valeur. Pour sortir de cette impasse, un collectif de professionnels de l’alimentation, de producteurs, mais aussi de citoyens, propose de créer une sécurité sociale alimentaire, pour permettre à tous d’accéder à des produits alimentaires de qualité. (Sécurité sociale de l'alimentation)

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