🏢 Copro d'avenir

La rue est calme, et on ne peut pas dire qu’elle soit encombrée par les appuis vélos. Émerge dans le paysage une petite copropriété d’une vingtaine d’appartements, tout droit venue des années 1960. Les volumes sont simples, le toit plat, le parking souterrain et le gazon bien tondu. Le béton est d’époque et de qualité, les murs peu encombrés d’isolants et le simple vitrage n’a pas encore complètement été exterminé.
Il paraît qu’ici on s’imagine accueillir quelques voisins en plus sur le toit, on se voit bien se promener dans des espaces verts luxuriants dotés d’un potager prolifique, ajouter de nouvelles façades pour donner un coup de jeune, dédier un bout de parking aux vélos et au bricolage et discuter de la gestion du composteur collectif dans la toute nouvelle salle commune. Ce ne sont à ce jour que des idées en l’air, et rien ne dit que ce soit le futur que choisiront les habitants, mais il se trame bel et bien quelque chose.
Il faut dire que le nouveau syndic de la copropriété ne s’est pas cantonné à mettre à jour les coordonnées bancaires de chacun et à changer le logo des notes sur les encombrants punaisées dans la cage d’escalier. Mise à plat des contrats pour trouver des prestataires conscients, identification des potentiels de mutualisation et de valorisation des espaces communs, lancement d’une réflexion globale sur l’adaptation climatique de la copropriété… Les chantiers ouverts sont nombreux, et touchent la structure bâtie comme la vie quotidienne de tous les habitants, et pas seulement celle des propriétaires.
Tout ça sent le début d’une transition de proximité. Vous savez, celle dont on a besoin, celle qui irait au fond des choses, et qui changerait vraiment la donne, cage d’escalier par cage d’escalier. Celle qui parlerait autant de carbone que d’habitants et de partage. Le chantier de la métamorphose de ces copropriétés qui logent un tiers des Français est vaste, et à peine engagé. Intensification des usages, végétalisation, densification, accueil des mobilités douces, décarbonation, adaptation au climat qui change et résilience aux nouveaux risques… Chacune doit faire sa mue pour entrer vraiment dans le 21e siècle.
Alors Aurore Magnin et Thomas Maréchal ont décidé de s’y mettre, en créant « Partie Commune ». Il y a des moyens plus attrayants pour changer le monde que de créer un syndic de copropriété, mais à bien y réfléchir leur piste mérite d’être suivie. Car en abordant le métier sous l’angle des liens plus que de la gestion, en parlant des habitants avant de parler du bâti, ils sont dans le concret et limitent le risque de brasser du vent. Il n’y a plus qu’à miser sur le fait qu’ils grandissent vite, et que cette idée de syndic d’intérêt général essaime ailleurs. Alors on visite aujourd’hui avec eux cette copropriété qui se rêve une seconde vie. Bonne écoute.
– Sylvain Grisot (Linkedin)
PS : J’interviens ce jeudi 18 janvier à Paris pour la conférence annuelle du Master Maîtrise d’Ouvrage des Projets Urbains (MOPU) de l’École d’Urbanisme de Paris : Les défis de l’urbanisme réversible : comment anticiper pour rendre la ville évolutive ? (Inscription)
PS2 : J'ai fais une longue interview dans Territoires Audacieux sur les thématiques que j’aborde dans « Redirection urbaine », n’hésitez pas à lire tout ça ;)

🗓️ 22 janvier à 12 h. Webinaire de la Fabrique de la Cité consacré à la sobriété foncière en Europe, en Angleterre, en Suisse et au Japon. Une bonne idée de sortir de l’hexagone. (Inscription)
🏠Un pavillon ? Laisse béton ! Le magazine « Les autres possibles » revient sur la question de l’artificialisation des sols, pour en pointer l’impasse, mais aussi l’ampleur des débats dans un département très attractif, la Loire-Atlantique. (Les Autres Possibles)
Et si on ne courait plus ? À quoi pourrions-nous rêver alors ? Par quoi remplacer cette façon de faire « chez-soi » ? Remettre en commun le foncier, partager l’habitat, séparer la propriété du sol de celle des murs, construire plus léger… sont quelques-unes des pistes testées et approuvées par celles et ceux qui ont d’ores et déjà abandonné volontiers la course à l’échalote. Et préfigurent un futur tout à fait désirable de l’habitat ?
🚧 La ville avance. En Norvège aussi l’avancée de la ville pose question. L’analyse des photos aériennes permet de détecter les atteintes aux milieux naturels qui ont eu lieu depuis 5 ans dans le pays, avec pas moins de 44 000 chantiers repérés. Centres commerciaux, hôpitaux, lotissements, écoles, élevages de saumon, cabanes touristiques… Là comme ailleurs, les acteurs locaux ont beaucoup à gagner de ces actions de « développement », avec comme arguments que les atteintes au milieu sont réduites, et que la biodiversité des sites est déjà souvent chancelante. Alors la nature s’étiole par petits bouts et, faute de vue d’ensemble, on ne perçoit pas l’érosion massive des milieux sous le coup des bulldozers. Toute ressemblance avec d’autres lieux serait parfaitement fortuite. Un beau reportage en Norvégiens dans le texte, mais vous pouvez activer le traducteur automatique de votre navigateur au besoin. (NRK, via 15 marches)
🗣️ Libre tribune. On ne peut pas vraiment dire que Matthias Navarro y aille avec le dos de la cuillère, mais puisque la crise est systémique, il n’est plus temps de bouger quelques variables, mais bien de changer d’équation. Parmi les totems et tabous, il aborde dans cette tribune l’encadrement des loyers, la défiscalisation des plus-values sur les résidences principales, la fiscalité de l’héritage, le logement abordable, le rééquilibrage territorial, la priorité à donner aux primo-accédants et aux sans-abris, ou la simplification des normes sur la réhabilitation. Et pourquoi pas ? (LinkedIn)

