🌩️ Avant l'orage

La meilleure façon de ne pas être déçu par cette édition de la COP est probablement de ne rien en attendre. De toute façon les chocs climatiques sont déjà là , et ils vont être plus fréquents, plus violents et toucher des territoires encore épargnés. Et nos villes posent problème, car elles concentrent les populations sur le littoral ou le long des cours d’eau qui menacent, vivent mal l’îlot de chaleur urbain ou les inondations par ruissellement. Mais ces mêmes villes s’engagent déjà pour trouver des solutions : les 2/3 des dépenses liées au climat dans les pays de l’OCDE sont aujourd’hui réalisées par les institutions infra-étatiques.
Comme on l’a bien vu à Gatineau avec Maxime Pedeneaud-Jobin, les collectivités locales sont en première ligne des chocs climatiques, et elles doivent aussi apprendre à gérer des risques systémiques. Car la ville est un système complexe largement interconnecté, et au-delà de son impact direct, le choc peut entraîner des effets en cascade parfois pendant très longtemps. Il a aussi des impacts différents selon les territoires et les populations avec trop souvent une plus forte exposition des plus précaires. Une canicule même brève a des effets délétères sur la santé des plus fragiles, mais elle peut aussi perturber les réseaux de transport ou provoquer la fermeture des écoles, avec des impacts économiques en cascade. La crise du Covid et ses ramifications montrent bien combien il est difficile d’anticiper comment un choc va se diffuser dans le système urbain.
Alors, comment penser les risques systémiques ? Un récent rapport de l’OCDE donne des pistes intéressantes, j’en tire quelques idées clefs :
- D’abord sortir des silos, et analyser les risques au-delà de leurs seuls impacts directs sur les infrastructures et les services, en élargissant l’analyse au secteur économique et aux impacts sociaux. Il faut aussi comprendre les effets asymétriques des chocs selon les lieux et les populations.
- Ensuite, investir prioritairement dans des actions qui permettent d’avoir des effets sur positifs plusieurs systèmes en même temps. On retrouve ici la notion de cobénéfices, avec les infrastructures vertes en bonne place, auxquelles j’ajoute les infrastructures sociales de résilience, avec ces liens du quotidien qui sauvent quand la crise est là .
- Mobiliser précocement les communautés locales lors de l’élaboration des stratégies de gestion de risques, dans des processus transparents. Non seulement ce sont les premières à intervenir en cas de crise, mais certaines actions comme le retrait de secteurs à risques nécessitent une très forte appropriation pour fonctionner.
Reste a passer des principes au réel, et ce n’est pas le plus simple. Et si les territoires insulaires français montraient la voie ? Ils sont souvent en première ligne des chocs climatiques, des enjeux de disponibilités des ressources et ont déjà une culture du risque. Reste à mettre en œuvre des modes de développement urbains conscients de ces enjeux…
– Sylvain Grisot (Linkedin)
PS : Vous êtes en Guadeloupe ? Alors retrouvons-nous vendredi à Jarry pour échanger à l’occasion du séminaire organisé par le CAUE. Le matin j’interviendrai sur les réponses que peut apporter l’urbanisme circulaire pour gérer les nouveaux risques, et l’après-midi nous testerons la Fresque de la ville en milieu insulaire. (Inscription)

Ça y est, “REDIRECTION URBAINE” vient de partir chez l’imprimeur ! Je peux donc enfin vous en partager quelques pages, dont la préface d'Helene Peskine. Il sera en librairies le 10 janvier 2024 et en précommande dès maintenant !
🗓️ 11 décembre. L’Institut de la Transition Foncière organise son 2e Forum au Pavillon de l’Arsenal, avec un beau programme : « Gouverner les sols vivants. » (Inscription)
🏠Crises du logement. Quand on creuse un peu, les choses ne sont jamais aussi simples que les slogans jetés sur les chaînes d’infos. Cette émission de Géographie à la carte ne fait bien sûr pas le tour du sujet, mais permet d’y voir plus clair. Une chose est certaine, il n’y a pas UNE, mais DES crises du logement, et à tout mélanger la seule chose dont on n’est certain c’est de ne rien y changer. (France Inter)
🚲 IA. Voici un outil ludique et utile. Vous choisissez une rue, et par la magie de l’IA vous obtenez 4 propositions d’aménagement à la sauce hollandaise. C’est évidemment toujours un peu à côté du réel, mais cela démontre par l’image qu’une autre rue est possible. (Dutch Cycling Lifestyle)
↪️ Transitions. La transition, les transitions, on en parle beaucoup, mais de quoi s’agit-il ? Aristide Athanassiadis revient sur la question en suivant l’exemple des transitions énergétiques de Paris. La ville passe en moins de deux siècles du bois, au charbon, puis au fossile, avec une étonnante stabilité de la consommation, jusqu’à la grande accélération d’après la Seconde Guerre mondiale. Avec une remarque singulière : les transitions s’analysent bien à postériori, mais sont plus difficiles à voir dans le futur. On sait donc quelles sont les transitions à mener, mais sans vraiment distinguer celles qui sont réellement amorcées. Une bonne occasion pour s’abonner à la newsletter d’Aristide au passage. (CircularMetabolism)
🎬 Tant que le soleil frappe. Un film de Philippe Petit, autour de la vie d’un paysagiste qui lutte pour transformer un terrain vague du cœur de Marseille en parc ouvert sur la ville. Les rôles et les postures peuvent parfois paraître caricaturaux à celles et ceux qui vivent ces projets au quotidien, mais peut être pas tant que ça finalement. (Allociné)

