🚵‍♀️ Du Tour de France au tour de la France

🚵‍♀️ Du Tour de France au tour de la France

J+4 depuis le lancement de l’édition 2023 du Tour de France.

Dans l’imaginaire collectif, la course mythique demeure le symbole par excellence de la traversée territoriale. Depuis sa création en 1903, le Tour de France a réussi l’exploit de faire de la géographie française un champ de connaissances dépoussiéré, où petits et grands communient dans une même ferveur.

Tracer son propre itinéraire à vélo sur des centaines ou des milliers de kilomètres, voilà une aventure qui séduit de plus en plus de cyclistes débutants ou confirmés. Leur plaisir ne tient pas qu’aux heures passées sur la selle, mais aussi à la construction ingénieuse d’itinéraires, leur partage avec une communauté d’adeptes, et aux souvenirs impérissables gardés de ces périples. Au-delà de la performance sportive, c’est souvent une expérience plus sensible du territoire qui s’offre à ces nouveaux aventuriers. Et si c’était ça aussi, une des clés pour se reconnecter au vivant, dont les appels se font de plus en plus pressants ? Faire l’expérience du relief, du climat, de la géographie et de l’ambiance d’un lieu à travers son corps et ses sens ?

Cependant, il y a manière et manière d’explorer son environnement. Il y a celle, romanesque, d’inventeurs comme Patrick Plaine, cyclotouriste légendaire surnommé le « cannibale des cimes ». La trace de ses voyages est faite de livrets noircis, de clichés photographiques délavés, de tickets de caisse épars. Elle dessine une géographie dont les points de repères ne sont plus les pics montagneux, les routes départementales ou les carrefours ; mais les cafés dans lesquels on s’est arrêté, les boulangeries des petits villages, les campings locaux. « Faire sa trace », c’est aussi recréer une géographie singulière et émotionnelle à partir de sa propre expérience.

Il y a celle, plus moderne, qui consiste à confier l’élaboration de son itinéraire à l’une des nombreuses applications connectées qui ont vu le jour ces dernières années. Au-delà des kilomètres parcourus et du temps de trajet, elles mesurent votre rythme cardiaque, votre taux d’effort, votre niveau d’activité et jusqu’à votre état de fatigue. Apparaissent alors toutes sortes de données chiffrées, assorties de courbes, de graphiques et de pourcentages, favorisant les comparaisons et les compétitions.

A l’heure de la super-puissance des réseaux sociaux, nul doute que l’adoption à grande échelle de ces applications a des conséquences majeures : d’influentes communautés d’utilisateurs émergent, qui ont le pouvoir de transformer la pratique du vélo comme l’identité des territoires traversés. Sur ces itinéraires, devenus de vrais parcours commerciaux, reste-t-il une place pour l’improvisation et la rencontre avec un territoire, voire un terroir ?

Cet engouement pour les traversées territoriales à vélo témoigne-t-il d’une envie de vivre différemment au sein de nos territoires ou, au contraire, est-il une énième manifestation de notre capacité à « consommer » les lieux ? Une chose est sûre, créer sa propre trace est désormais à la portée de tous. En un coup de clic et de pédale, chacun peut enfourcher sa bécane et aller voir par soi-même ce qu’il en est en. A bon entendeur !

— Antoine, Armelle et Léa pour la revue Exercice

Un édito proposé par l’équipe éditoriale de la revue d’exploration territoriale Exercice, basé sur l’enquête "Le vélo et le territoire", parue en mars 2023. Exercice est une revue (en vrai papier) indépendante, fondée en 2019 par Julien Béneyt, Léa Morfoisse et Antoine Séguin. Elle explore les transformations de nos sociétés contemporaines à travers les prismes de la ville, de l’architecture, et du rapport que l’individu entretient avec les lieux. Le dernier numéro, Tentatives, paru en mars 2023 est disponible ici.

📅 Surface+Utile. Voilà une toute nouvelle association qui se donne pour objectif de promouvoir les “espaces économiques de la transition”. Intrigué ou intéressé par ce beau programme ? Alors rendez-vous le 11 juillet de 16h30 à 17h30 pour en savoir plus (inscription).

🍦 Plus fraîches nos villes. L’ADEME propose une boîte à outils et à retour d’expérience pour rafraîchir durablement nos villes. Un outil numérique d’aide à la décision, pour transformer un parking en forêt urbaine par exemple, et avec la parole d’expertes pour comprendre les limites de certaines solutions. (ADEME)

🎥 Intensifier. Quoi de plus morne qu’un amphi de fac le week-end ? C’est vide, chauffé et entretenu pour rien, alors que nous passons du temps à chercher de la place. C’est pour éviter ça que la Vrije Universiteit a monté un partenariat avec un cinéma réputé d’Amsterdam. Un des amphithéâtre de leur futur campus, qui s’installe au sud d’Amsterdam dans le Quartier de Zuidas, servira dans la journée pour les cours, et accueillera, le soir et le week-end, des projections. Un bon moyen pour intensifier l’usage de mètres carrés tous neufs, mais aussi pour activer ce quartier d’affaire qui manque singulièrement de vie entre le vendredi soir et le lundi matin. (Pop up City)

📖 Ecotopia, Ernest Callenbach (Gallimard, 1975). La Californie, l’Oregon et l’Etat de Washington ont fait sécession pour devenir l’Etat d’Ecotopia. C’est un voyage dans un pays qui fait sa transition écologique, sociale et culturelle. La plume est celle d’un journaliste américain, un peu taquin, ironique, mais curieux, qui découvre d’abord ce nouvel univers avec une mou sceptique, avant de perdre pied. Ecrit en 1975, l’ouvrage est bluffant de modernité.

Si la Crick School, que j’ai visité, est un bon exemple du système scolaire en vigueur ici, alors les écoles écotopiennes ressemblent plus à des fermes qu’à autre chose. Un enseignant écotopien à qui je faisais cette remarque m’a répondu : “Eh bien, c’est parce que nous sommes définitivement passés à l’ère de la biologie. Votre système scolaire est toujours dominé par la physique. Voilà pourquoi il y règne une atmosphère de prison. Comment voulez-vous que quoi que ce soit s’y développe ?”

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