🌼 Rue des Floralies

Convenons que la rue des floralies portait assez mal son nom. Avant sa métamorphose, c’est un bout de lotissement des années 1960 niché à l’est de Nantes, dont le dessin témoigne de cette époque où l’espace semblait sans limite. C’est une petite rue de moins deux cents mètres dans son jus, qui dessert une vingtaine de maisons qui se refont une beauté à mesure que les générations se passent le relais. Les trottoirs sont secs, une poignée d’arbres plantés dans un tarmac d’enrobé aux fonctions incertaines luttent pour leur survie, pendant que les voitures à l’arrêt s’égaillent ici et là . C’est loin d’être une ode au printemps, mais aussi loin d’être une exception. C’est juste une rue normale de première couronne d’une métropole régionale française, qui n’a besoin de rien, à part peut être d’un petit coup de jeune de son ruban d’enrobé.
C’est ce qui aurait dû arriver sans la conjonction heureuse d’habitants désireux de verdir leur rue et de la volonté d’aller plus loin d'agents de la collectivité. Sans tambour ni trompette, un projet d’une autre nature se dessine progressivement dans un dialogue local très concret. Puisqu’il y a la place et l’envie, pourquoi ne pas découper le trottoir aux pieds des murs pour que les riverains y plantent quelques grimpantes ? Et si on décroûtait l’enrobé pour retrouver le sol ? Pourrait-on en profiter pour planter un vrai bosquet d’arbres pour accueillir fraîcheur et biodiversité ? Et pourquoi pas un bout de noue végétalisée pour recueillir les eaux pluviales ? Et des places de stationnement perméables ? Petit à petit le plan s’affine, les doutes s’effacent, les hésitations se dissipent jusqu’à ce que les travaux démarrent.
Aujourd’hui tout le monde se satisfait du résultat, imagine le futur visage de la rue quand les petits plans auront pris leur envol, et chacun met la main à la pâte pour les plantations et l’entretien. Alors bien sûr la rue des Floralies ne fera pas la couverture des revues spécialisées. Le dessin est volontairement simple, les moyens sobres et les travaux économes. Mais au final 350 m2 ont été gagnés sur le bitume pour constituer 650 m2 d’espace de nature dans la ville, et ce n’est pas rien. C’est juste une rue normale comme des centaines, comme des milliers d’autres. Mais celle-ci a déjà vécu sa métamorphose, celle qui lui permettra de mieux passer sous les averses ou de traverser les étés caniculaires plus facilement, celle aussi qui rend désirable la vie dans la métropole. C’est moins le résultat d’une innovation technique, d’un geste créatif ou d’une grande politique publique, que l’aboutissement d’un dialogue local, d’hésitations et d’erreurs. Comme cette noue qui décidément peine à infiltrer les eaux de pluie et se transforme en mare. Les enfants y jouent et en reviennent les chaussures boueuses. Les oiseaux viennent aussi en nombre s’y désaltérer avec le printemps. Et si finalement on oubliait cette idée de noue, et qu’on gardait la mare ?
On en discute avec Arthur Corbin, qui était à la manœuvre à Nantes Métropole pour ce chantier qui - on l’espère - va faire beaucoup de petits.
— Sylvain Grisot (Twitter / Linkedin)
PS : C’est le moment de proposer votre projet de commun lors de ce deuxième appel, focalisé sur la sobriété et la résilience des territoires. Attention, il y a trois relevés de sélection : juin, septembre et décembre. La fresque de la ville a utilement bénéficié de ce dispositif original (ADEME)
📆 Le mardi 23 mai, premier atelier réservé aux professionnels de la fabrique de la ville dans le cadre du grand débat sur la Fabrique de la ville organisé par Nantes Métropole. Sylvain fera parti de l'animation. Quatre autres ateliers seront organisés jusqu'à juillet pour relever les défis des transitions urbaines. (Nantes Métropole)
🚴🏻‍♂️ En selle ! Et si on faisait enfin de la place aux vélos électriques, dans toutes leurs déclinaisons ? Place qu’on pourrait trouver sur les routes déjà existantes, soit dit en passant… Avec l’augmentation du prix de l’essence, on nous vend l’arrivée éminente des voitures électriques à bas coût (🤔), mais peut-être qu’on pourrait opter pour les vélos, moins chers, moins lourds, moins polluants, moins placivores, sur de nombreux trajets ? Petit tour par les Etats-Unis pour comprendre combien le modèle culturelle du tout voiture y est tenace. In English. (Bloomberg)
🌍 Géopolitique décarbonée. Rapide tour du monde des enjeux géopolitiques liés à la décarbonation de nos modes de vies et de nos économies. Un point d’actualité sur les différents plans climats des grands pôles tels que les Etats-Unis, la Chine et l’Europe. Des plans plus ou moins ambitieux, plus ou moins techsolutionnistes, mais surtout qui frôlent le protectionnisme. Alors que les crises sont globales, mondiales, et encore une fois, systémiques. (Leonard)
🥵 Canicule. Paris se prépare à des étés plus chauds. Densité et minéralité y accentuent fortement l’effet d’îlots de chaleur urbain, d’où l’urgence à commencer les grands travaux qui maintiendront la capitale habitable pendant les étés du milieu du siècle. Sans doute une nouvelle période hausmanienne à engager, car on est encore loin du compte. (Le Monde)
L’individu qui construisait des ronds-points partout en France enfin arrêté - https://t.co/AHNEBRtu05
— Le Gorafi (@le_gorafi) April 21, 2023