🪛 Espaces modulaires pour besoins changeants

🪛 Espaces modulaires pour besoins changeants

Il y a des moments de la vie où l’on aurait bien besoin d’une pièce en plus, parce que les deux loulous sont trop grands pour dormir dans la même chambre. Ou parce que cette année, un nouveau Covid-27 rend le télétravail obligatoire pendant quelques mois. Mais au-delà de notre maison ou de notre appartement, cela peut être le cas aussi pour des aménagements collectifs. Mince, la ville manque de place pour les enfants dans le centre de loisirs, alors qu’il y a eu plein de naissances et de déménagements ces dernières années ! Pourtant, qu’est-ce qu’on pourra bien en faire quand ils auront grandi et qu’il ne restera plus que leurs parents vieillissants ?

Bref, vous m’avez vu venir : et si on parlait un peu de modularité et de démontable ? Un bâtiment à l’image de cette étagère Ikea achetée sur le bon coin : pratique, vous en aviez besoin rapidement pour ranger les livres qui débordaient de votre bibliothèque. Montée en quelques coups de tournevis, elle fait le taf, et elle sera facilement démontable si au lieu de vous décider à trier vos livres vous rachetez une nouvelle bibliothèque bien pérenne. Évidemment, c’est encore un peu expérimental, mais quelques bâtiments voient le jour, pour répondre au besoin, voire à l’urgence, mais sans savoir pour combien de temps. Ils sont démontables et déplaçables, comme la Maison du Projet du quartier de la Lainière à Roubaix, ou comme cette crèche éphémère de 48 berceaux dans l’hôpital Saint-Louis à Paris.

C’est faire le constat qu’on a besoin de places pour répondre à de nouveaux usages, parfois urgemment. Mais au lieu de se jeter tête la première dans la conception du nouveau bâtiment municipal et d’appeler l’architecte, il nous faut peut-être prendre le temps de nous demander pour combien de temps en avons-nous besoin : peut-être quelques années ? On ne sait pas ? Et si on construisait habilement, légèrement pour aujourd’hui, mais pas pour demain ? Et si, une fois qu’on a vérifié qu’il n’y a plus de place ailleurs bien sûr, on prenait un container maritime comme équerre du projet ?

C’est ce que propose la start-up Supercargo : des bureaux privatifs et des salles de travail collectives dans des containers maritimes réaménagés. Installés sur des parkings, des espaces rarement aussi pleins que prévu, ils sont mobiles, déplaçables et démontables. Le besoin d’espaces de travail dans la périphérie nantaise a été vérifié, mais cela peut varier facilement. Si ce parking où est posé le bureau était le bon, tant mieux, sinon, tant pis, il suffit de le bouger, Supercargo n’étant pas propriétaire du sol. Un peu moins galère que de déplacer ces immeubles de bureaux flamboyants neufs, mais aux étages vides en entrée de ville.

Ne vous méprenez pas, ceci n’est pas un appel à faire une ville de containers et de palettes. Mais parfois, quand les usages le permettent, il vaut mieux faire le pari du modulable et du réversible que celui des fondations béton. Car si on ne sait pas de quoi demain sera fait, on peut pourtant répondre à des besoins de façon légère en naviguant dans l’incertain.

— Frédérique Triballeau (Linkedin)

Découvrez la Supercargo, ce bureau mobile créé dans un container maritime réutilisé et réaménagé ! Visite en compagnie d'Alexandre Bureau, fondateur de la start-up, qui nous explique les dessous de sa démarche.

· Le 17 février, de 15 à 17h, en ligne, rencontre « Exode urbain : un mythe, des réalités ». Quels sont les impacts de la pandémie Covid-19 sur les mobilités résidentielles ? Voici les résultats des trois équipes de chercheurs qui ont planché sur la question. (PUCA)

· La mer monte. Et New-York a décidé de se défendre. Le plan prévoit plus de 50 milliards d’infrastructures de protection contre la montée des eaux pour les deux prochaines décennies, qui vont de la construction d’immenses barrages au large à l’érection de murs de protection le long de certaines plages. Les premières images de ces littoraux qui perdent la vue sur mer viennent d’être publiés et sentent bon le béton, avec le sentiment que décidément tout cela a quelque chose de vain :

"I think most people would agree that building a 20-foot-tall wall in front of the Hudson River is not a realistic solution. If nothing else, these renderings illustrate how serious the problem is and how elusive the solutions are." (The City)

· ZAN. Vous n’avez rien compris aux débats encore en cours ? On ne sait plus où on en est de la loi ? Voici un résumé volontairement facile d’accès en trois articles pour mieux situer l’ampleur des débats sur les définitions, les mesures, mais aussi les positionnements de chacun. Mais ce n’est pas parce que cela manque de clarté qu’il faut faire l’autruche : autant prendre le recul de réfléchir à notre aménagement autrement, concrètement, dès maintenant. (Reporterre)

· Zones troubles. Une ville qui se défait, se déleste de ses déchets, de ses résidus, de ses espaces en “cessation d’activités”, désaffectés car inclassables. Des espaces aux valeurs négatives, sans lendemain. Des espaces en dehors des normes, qui traduisent une forme de violence de rationalité, d’efficacité et de rentabilité . Ils sont nombreux sur le territoire, mais difficilement appréhendables. Et en même temps, on vit une crise sociale, avec des murs qui s’érigent entre les multiples populations des villes. Les lieux communs manquent (non, le tiers-lieu dans la friche urbaine en plein cœur de ville ne suffit pas). Et si on réinvestissait ces lieux sans affection, à préserver, mais surtout à rendre accessible, sans distinction, pour expérimenter “des espaces gratuits de coexistence”. (Topophile)

· La Hauteur (éditions 303, 2023) Encore une belle revue avec de multiples photos de coins que l’on reconnaît quand on est de la région Pays de la Loire : et oui, les hauteurs se voient de loin et marquent nos esprits ! Elles sont toutes passées au crible : les tours modernes de bureaux ou de logement, bien sûr, mais aussi les tours médiévales et les clochers des églises. Un point commun entre tous ces édifices : le pouvoir, dominer et voir loin. Pour les amoureux du patrimoine industriel, un des articles revient aussi sur l’histoire des grues noire, grise et jaune qui font le paysage nantais. Et pour notre plus grand bonheur, il semble qu’encore plus de place soit laissé à la photo que dans les anciens numéros.

(…) Le genre Homo dressé sur ses membres postérieurs, et par conséquent bipède, fut doté d’un champ de vision plus vaste qui lui permit de mieux contrôler la nature et ses semblables. Il compléta cette faculté en s’assurant une vision surplombante grâce à la construction d’édifices d’abord sommaires, puis très élaborés, qui renforçaient sa supériorité sur le monde.

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la première fois, c'est le moment de vous abonner à cette newsletter.

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