🗝️ Faire place à l'utilité sociale

🗝️ Faire place à l'utilité sociale

Le meilleur moyen de favoriser des activitĂ©s d’utilitĂ© sociale est sans doute de leur mettre un toit au-dessus de la tĂŞte. Un toit ou des murs, pour suivre le titre de l’ouvrage par Vincent Josso et Flore Trautman  Murs solidaires, mĂ©caniques des lieux d’utilitĂ© sociale aux Ă©ditions ApogĂ©e.

Qu’est-ce que l’utilité sociale ? Les termes sont tellement vastes qu’on pourrait s’y perdre. Mais au lieu de rester dans des débats stratosphériques, les auteurs précisent en un chapitre leur acception du terme, et plus important encore, les critères choisis pour l’objectiver et le faire atterrir :

« Nous identifions trois composantes principales de l’utilitĂ© sociale :
- le domaine d’activitĂ© et les objectifs poursuivis : cohĂ©sion sociale, lutte contre les inĂ©galitĂ©s, lutte pour la sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique, Ă©ducation, etc 
- une gouvernance démocratique et/ou collégiale
- une lucrativité limitée »

Une fois les termes posĂ©s, encore faut-il Ă©viter de mettre dos Ă  dos services publics et initiatives citoyennes, associatives ou entrepreneuriales. Loin de les prĂ©senter comme deux sphères hermĂ©tiques et incompatibles, le livre pose au contraire un cadre pour une alliance saine et durable. Car si le public est de moins en moins capable de tout « faire », cela l’oblige en aucun cas Ă  tout Â«â€‰laisser faire ». Le livre ouvre une troisième voie : « faire avec », en recomposant les rapports entre Ă©conomie et sociĂ©tĂ©.

Les auteurs produisent un guide pour ouvrir des portes aux porteurs d'activitĂ© d'utilitĂ© sociale. C’est un guide concret, illustrĂ© par toute une sĂ©rie d’exemples : on y parle d’une auberge coopĂ©rative en Ardèche, d’un tiers lieu Ă©cologique au Havre, d’un pĂ´le entrepreneurial solidaire au cĹ“ur de Bordeaux, de l’une des dernières zones d’activitĂ©s productives dans Paris intra muros, ou encore d’une occupation transitoire au sein de la capitale.

Aucune des difficultés des parties prenantes n’est occultée. Côté entrepreneurs les solutions précarisent souvent l’occupant, ou bien se font au détriment de son cœur de métier. Côté collectivités, les subventions sont souvent « à fonds perdus » et les mise à disposition de locaux risquent de générer des effets d’aubaine à long terme.

Alors face Ă  tous ces problèmes, comment bien rĂ©pondre Ă  ce besoin matĂ©riel fondamental ? Les auteurs Ă©noncent les solutions trouvĂ©es par les uns et les autres, sur le terrain. L’immobilier, nĹ“ud du problème pour beaucoup, devient la solution via des partenariats qui prennent des formes les plus diverses : outils de portage foncier, structures juridiques, instruments financiers originaux… autant de briques pour bâtir des murs solides Ă  des projets d’utilitĂ© sociale Ă  disposition de celles et ceux qui veulent se lancer.

Ce livre est Ă  la fois optimiste et pragmatique : le monde regorge d’initiatives Ă  but solidaire qui fonctionnent, et il nous explique comment. Avec toujours une mĂŞme condition clef Ă  ces rĂ©ussites : la capacitĂ© des acteurs Ă  coopĂ©rer.

— Lucie Carpentier (LinkedIn)

Murs solidaires
Qu’y a-t-il de commun entre une crèche associative, un cafĂ©-dĂ©pĂ´t de pain-antenne de la Poste, des ateliers d’artistes, une cantine solidaire, un tiers-lieu, un entrepĂ´t logistique dĂ©carbonĂ© ? Tous ont une utilitĂ© sociale, mais une lucrativitĂ© limitĂ©e. Murs solidaires s’adresse aux collectivitĂ©s qui veulent apporter un soutien pĂ©renne aux lieux d’utilitĂ© sociale, aux foncières solidaires qui ont fait de ce soutien leur mission et aux personnes porteuses d’un projet, gĂ©nĂ©ralement peu familières de l’univers complexe de l’immobilier.

📆 Jusqu'au 16 fĂ©vrier, SĂ©lection des Jeunes Architectes et Paysagistes LigĂ©riens (JAPL). L'appel Ă  candidatures pour la 5e Ă©dition de la SĂ©lection JAPL est ouvert. Cette initiative met en lumière la crĂ©ativitĂ© et l'engagement des jeunes concepteurs et conceptrices qui imaginent de nouvelles pistes pour les espaces bâtis et paysagers de demain.

♻️ L'autopoïèse ? Les projets urbains s'inscrivent sur le long terme : ils mettent souvent 20 ans Ă  Ă©merger et sont conçus pour durer plusieurs dĂ©cennies. Mais dans des territoires en constante Ă©volution, comment Ă©viter que ces projets ne deviennent rapidement obsolètes ? Comment construire des espaces qui ne deviennent pas obsolètes dès leur livraison ? Dans cet Ă©pisode de notre podcast, Marcus Zepf, urbaniste, chercheur et professeur Ă  l'École d'Urbanisme de Paris, nous explique le concept d'autopoïèse. InspirĂ© de la biologie, l’autopoïèse dĂ©signe un apprentissage collectif Ă  la suite d’une crise. Elle se distingue de la rĂ©silience par le fait qu’il ne s’agit pas d’un retour Ă  la normal après un choc mais d’un nouveau point d’équilibre. En urbanisme ce concept nous invite Ă  repenser les projets comme un processus d'apprentissage et d'adaptation. Selon Marcus, le projet urbain ne doit pas ĂŞtre figĂ© une fois terminĂ©, mais Ă©voluer sans cesse, en intĂ©grant les enseignements du terrain et des usagers. (podcast dixit.net)

đź“™ Pour les sans-voix de Christophe Robert (Éditions Arthaud). Christophe Robert est dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la Fondation AbbĂ© Pierre (qui va devenir la Fondation pour le Logement des dĂ©favorisĂ©s) depuis 10 ans. Dans cet ouvrage, il dresse un Ă©tat des lieux des inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques en France et dĂ©montre que les dispositifs d'aide et de redistribution des richesses manquent souvent d'efficacitĂ© — allant parfois jusqu'Ă  creuser les inĂ©galitĂ©s. Il montre aussi comment la pauvretĂ© freine la lutte contre le changement climatique en plus d'en dĂ©cupler les effets. Le livre ne se contente pas de dresser un portrait pessimiste, il expose Ă©galement des leviers d'action permettant d'endiguer ces inĂ©galitĂ©s, en soulignant le rĂ´le crucial des politiques publiques : il est impĂ©ratif de prĂ©server les aides aux plus prĂ©caires et de renforcer l'imposition pour mieux rĂ©partir les richesses.

La dimension sociale de la transition écologique est cruciale. Au point que les réformes à mener ne pourront être conduites qu'à la condition que les mesures mises en œuvre soient justes et ne provoquent pas davantage d'exclusion et d'inégalités.

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