đź”® La ville de science-fiction
Il y a deux mois j’ai lu Les furtifs d’Alain Damasio, et j’ai été soufflée par la société de demain qu’imagine l’auteur : les villes privatisées sont administrées par des entreprises, et l’accès à de nombreux espaces dépend désormais des revenus de chacun. Les relations entre individus sont quasiment inexistantes, les gens vivent côte à côte, chacun dans leur bulle, embellie par la réalité virtuelle.
Mais l’auteur montre qu’une autre vision de la ville est possible, avec des groupes d’insurgés qui entrent en rébellion contre cette société aliénante et isolante. Ils représentent une vision plus désirable du futur, organisée autour des rapports humains, de l’égalité entre les citoyens, du respect de la nature et d'une créativité qui invente de nouveaux moyens de faire la ville :
L’idée, ça a toujours été que les villes sont trop conçues… trop vécues du sol. C’est la voiture qui a créé nos villes. Le trottoir même est une invention de la voiture, les feux, les ronds-points, les avenues ! On voulait trouver d’autres chemins, des trajets qui ne décalquent pas les rues… des obliques, des traçantes… Et on s’est dit que l’espace existait, il existait là -haut…il existait sur les toits, que notre bitume, il serait bleu.
Les villes dépeintes dans cette fiction semblent être le prolongement de signaux faibles que nous observons aujourd’hui : la privatisation des espaces publics s’observe déjà dans certaines de nos métropoles, nombreuses sont les personnes vivant en ville qui ignorent qui sont leurs voisins et voisines, et la vie en communauté respectueuse de l’environnement et de l’humain fait rêver de nombreux citoyens. En tant qu’urbaniste je me suis alors interrogée : en quoi les œuvres de science-fiction peuvent constituer une source d’inspiration dans ma manière de concevoir le futur ?
Alors quand Sylvain m’a proposé de faire un entretien avec François Houste sur les liens entre la science-fiction et la ville, j’ai immédiatement accepté. François est consultant à l’agence digitale plan.net, et passionné par la science-fiction. Il est d’ailleurs l'auteur d’un très intéressant recueil de nouvelles qui interrogent la place du numérique dans notre quotidien : Mikrodystopie. Il est aussi à l’origine de cybernetruc, une newsletter dans laquelle il livre ses réflexions sur les liens entre numérique, culture et imaginaire, avec toujours beaucoup de références à des œuvres de science-fiction. Je vous laisse découvrir cet entretien dans le podcast ci-dessous. Bonne écoute !
Camille Tabart (Linkedin)
PS : Prochains rendez-vous avec Sylvain autour de la Redirection urbaine :
- à Lyon jeudi 21 mars pour des rencontres de l'École de l'Anthropocène
- Ă Nantes samedi 23 mars Ă 16h Ă la librairie Coiffard,
- à Epernay (et en ligne) mercredi 27 mars à l’occasion de la rencontre acteurs - chercheurs : Sobriété foncière, redirection urbaine organisée par le PUCA
- Ă Marseille jeudi 28 mars au Tiers-Lab des Transitions avec le LICA

📅 Jusqu'au 4 avril offre de contrat jeune chercheur. La Chaire Aménager le Grand Paris de l'Ecole d'Urbanisme de Paris recrute un ou une chercheur/chercheuse contractuel, pour réaliser un travail de recherche sur la valeur des fonciers non aménagés (sans affectation ou projet) à moyen long terme ou à aménagements alternatifs dans le champ classique de l’urbanisme (réserves de biodiversité, fermes urbaines…). Pour plus d’information : Chaire Grand Paris
🏛️ Architecture. L'été dernier, le Congrès mondial des architectes s'est réuni à Copenhague dans le but de réfléchir à comment le secteur de l'architecture pouvait contribuer aux Objectifs de Développement Durable (ODD) fixés par les Nations Unies dans l'Agenda 2030 en 2015. Il faut savoir que le secteur du bâtiment et de la construction est l'un des secteurs les plus polluants, émettant près de 40% des émissions de CO2 mondiales. Il faut alors calculer l'empreinte carbone de nos villes, mais comment ? Et comment réduire cette empreinte carbone qui pèse sur le secteur ? (La Grande Conversation)
🌱 Vers des quartiers post-carbone. En septembre 2023, se tenait à Neuchâtel le forum des transitions urbaines, qui a lieu tous les deux ans. La thématique de cette dernière édition était “vers des quartiers post-carbone”. Echelle intermédiaire entre la ville et le bâtiment, le quartier, permet de proposer des réponses aux enjeux urbains actuels : mixité sociale, mobilités douces, végétalisation, mais aussi décarbonation. En effet, pour respecter les accords de Paris, il faut arriver à la neutralité carbone d'ici 2050. Mais comment faire ? Pour celles et ceux qui ont raté l'événement, les organisateurs viennent de sortir les actes de l'édition 2023, qui présentent des approches thématiques, des démarches innovantes et des retours d'expérience autour de ces quartiers post-carbone. (Forum des transitions urbaines)
📙 Le temps des liens, par Martin Vanier, 2024. Encore un bouquin sur les fractures, mais celui-ci est en décalage du discours ambiant et en fait une critique minutieuse qui fait du bien. L’idée de Martin Vanier n’est pas de nier l’existence de ruptures d’égalité sociales et territoriales, mais de montrer que cette clé de lecture systématique ne permet pas de comprendre les réalités des territoires dans leur profondeur, et encore moins de faire émerger des pistes d’actions pertinentes. Il tisse donc ce petit essai très accessible autour du concept de “reliance”, qu’il articule à la question territoriale autour de trois figures : lignes de vie, archipels et les communs territorialises. Un texte utile qui ouvre des pistes politiques à suivre pour renouveler les visions et modes d’action des acteurs locaux comme nationaux. (Editions de l’aube)


