🏪 Animer les rez-de-chaussée

🏪 Animer les rez-de-chaussée

Nous voilà à Crêt-de-Roc. La sonorité du nom pourrait nous amener sur un chemin de randonnée, mais non. Il s’agit d’un quartier précaire à Saint-Etienne, qui a subit de plein fouet la désindustrialisation. Dans une ville marquée au fer rouge par cette image, certains quartiers l’ont encore plus senti passée que d’autres, et restent bien éloignés de la capitale du design, cet imaginaire nouvellement créé.

Pourtant, il ne se passe pas rien dans ces quartiers. L’Etat y intervient, via l’ANRU notamment, pour réhabiliter des logements et en faire des espaces décents pour celles et ceux qui y logent. Mais rien n’y fait, les grilles des magasins sont toujours baissées et les couleurs de la rue ont des teintes peu chatoyantes. Ces espaces de rez-de-chaussée, à hauteur des yeux, font toute la différence, et définissent le dynamisme ou l’agonie d’une rue. C’est long et complexe de faire revivre ces lieux si spécifiques : il faut négocier avec chaque propriétaire, trouver des porteur·ses de projet qui tiennent la route, repenser les espaces pour séparer les entrées entre le logement à l'étage et le commerce du bas… Il y a de la demande, mais ça coince, ça n’avance pas.

C’est une association de quartier, Rue du Développement Durable (RDD), qui se positionne pour faire bouger les choses. Elle devient médiatrice entre les porteur·ses de projet et les propriétaires. Le discours est accessible, mais assez solide et expert pour être crédible. Le parcours de l’association est semé d’embuches, ce qui lui a permit d’apprendre de ses erreurs et de se renforcer. Comme cette tentative avortée de créer une foncière solidaire Crêt de Liens pour racheter les rez-de-chaussée vacants du quartier. La motivation était là, les habitant·es soutenaient le projet, mais les biens n’étaient pas mis en vente. A cause de la peur de gérer une copropriété et la peur de nouveaux usages. Les porteur·ses de projet n’étaient pas ceux qu’attendaient les propriétaires : un bar fait trop de bruit, un artisan qui débute a peu de moyen, etc.

Alors tant pis ! Si les acteur·ices du territoire ne veulent pas fonctionner via une foncière, qu’à cela ne tienne, on fait différemment et on rebondit. RDD a développé d’autres outils d’accompagnement et de médiation sur le long terme, en proposant de l’animation de quartier plus ponctuelle, mais tout au long de l’année, et du portage locatif.

Si les rideaux métalliques ne sont pas tous remontés, la rue bouge et un vent de renouveau se déploie. Parfois, dans des espaces laissés à l’abandon, quelques habitant·es se retroussent les manches et font naître de belles solidarités. Sans fanfare, sans révolution, juste avec de petits moyens, mais qui rendent la rue d’en bas un peu plus passante et joyeuse.

— Frédérique Triballeau (Linkedin)

PS : Dans le cadre d'une étude avec l'ADEME, nous vous sollicitons pour répondre à un questionnaire sur les besoins en outils pour la transition de la fabrique des territoires. Cela ne vous prendra pas plus de 5 min. Merci ! (Répondre au questionnaire)

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📆 Les 4 et 5 juillet, séminaire au Mans sur l’adaptation des stratégies foncières aux dynamiques liées à l’eau, organisé par Fonciers en débat. Et pendant ce temps, à Roanne et Montbrison, les 5 et 6 juillet, rendez-vous aux rencontres sur les villes moyennes avec la Fabrique de la Cité.

🎒Voyage en vélocar. En route pour la Diagonale du Plein, un projet qui met en lumière des initiatives écologiques durant l’été 2023, en 24 étapes, de Concarneau à Arles, en voyageant à bord d’un vélocar ! N’hésitez pas à contacter Julien Dossier pour participer à une étape, co-organiser une animation ou devenir ambassadeur·ice de la démarche. (Diagonale du Plein)

🎙️Podcast. On retrouve avec plaisir Sarah Dubeaux au micro de Baptiste Muckensturm pour parler de la vacance sous toutes ses formes, en partant d'un travail de recherche mené à Ambert, dans le Puy-de-Dôme, qui a fait l'objet d'une publication récente : Agir face à la vacance : l’expérience d’Ambert-Livradois-Forez, de Yoan Mito et Sarah Dubeaux, collection POPSU, éditions Autrement. (Les enjeux territoriaux)

🚶🏻Promenade nantaise. Une chronique comparant les espaces publics nantais à ceux parisiens… On est peut être un peu chauvin en vous partageant cet article, mais il y a quand même un élément à retenir ! Ce n’est pas en sectorisant les espaces qu’on les adoucit, bien au contraire. Un peu de bazar où la zone de chaque usage, piéton, voiture, tram, n’est pas indiquée permet à chacun de faire attention à l’autre, d’être plus libre et responsable dans sa circulation. Même si on a beaucoup, beaucoup de ronds-points dont l’utilité peut poser question… Notons bien sûr que ce témoignage d’un architecte est tout à fait personnel et situé. (Chroniques d’architecture)

🩲 #PlanteTonSlip. Les sols, éléments majeurs dans l’adaptation au changement climatique, mais pas que, ne sont pourtant pas encore assez dignes d’intérêt. Un changement radical de culture reste à faire pour se les approprier, laisser les enfants mettre les doigts dans la terre et revenir à la maison couverts de boue. Un des premiers défis est d’apprendre à mieux en parler et à communiquer sur les mystères des sols. Cet article recense des initiatives pédagogiques comme #plantetonslip, pour découvrir la vie du sol dans son jardin, démarche tout droit venue du Canada. (The Conversation)

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