🗝️ Le BRS rennais : de la niche sociale à l'alternative globale

🗝️ Le BRS rennais : de la niche sociale à l'alternative globale

A Rennes, les dispositifs d'accession sociale à la propriété donnaient le sentiment d’un gouffre sans fond. Les logements vendus à grand frais par la collectivité à des ménages aux revenus modestes retombaient trop rapidement dans le marché classique et contribuaient de fait à l’inflation des prix de l’immobilier. Cet “effet d’aubaine” est un problème d’efficacité de l’investissement public, mais c’est aussi un problème pour les ménages modestes qui se retrouvent incapables d’acheter en ville faute de parc adapté à leurs moyens. Ces dernières décennies, les programmes en extension menés par la Métropole sur les communes alentour donnaient un peu d’air. On s’éloignait de Rennes certes, mais on trouvait encore des prix raisonnables dans des écoquartiers souvent de qualité. Mais c’est désormais terminé du fait des impératifs de sobriété foncière. Alors comment respecter les objectifs ZAN sans faire de Rennes une métropole inaccessible à toute une partie de la population ? Comment stabiliser durablement le prix des logements ?

Aux grands maux les grands remèdes : Rennes a mis en place une politique d’accession sociale hors norme. Son outil phare est le Bail Réel Solidaire, et son bras armé l’Office Foncier Solidaire. Cet organisme à but non lucratif reste propriétaire du foncier au nom de la collectivité. Les logements construits dessus sont ensuite vendus à des prix de 30 à 50% inférieurs au prix du marché sous condition de ressources. De cette façon, l’OFS garantit des prix maîtrisés dans la durée et s’assure du profil des propriétaires-occupants qui se succèdent dans ces logements.

Loin de faire du BRS un marché de niche, en 2023 le PLH de Rennes élargi les conditions d’accès : 90% des locataires rennais sont maintenant éligibles à ce dispositif. Cependant, et c’est là la particularité rennaise, une stratification du dispositif est mise en place. Il n’y a pas un mais des BRS : le prix d’achat du bien augmentent avec les revenus du ménage. La redevance reste symbolique. Cet élargissement côté demande va de paire avec une massification de l’offre de logements produits en BRS : le PLH prévoit la construction de 1700 logements BRS par an de typologie variée. Il étend aussi le périmètre de son OFS aux 43 communes de la métropole.

La politique rennaise démontre un savant mélange de pragmatisme et d’ambition. Il fallait donc aller parler avec ses organisateurs. Sylvain Grisot décortique cette politique avec Jonathan Morice, directeur de l’aménagement urbain et habitat, et Nathalie Demeslay, directrice de l’habitat à Rennes Métropole.

— Lucie Carpentier (LinkedIn)

PS : La RĂ©gion Bretagne lance une consultation sur la mise en Ĺ“uvre du ZAN. Après avoir dĂ©fini sa trajectoire de rĂ©duction de consommation d'espaces, la RĂ©gion souhaite passer Ă  l'action avec des outils adaptĂ©s et efficaces. Une consultation est donc ouverte Ă  tous les acteurs de l'amĂ©nagement du territoire, bretons ou non, publics comme privĂ©s, pour Ă©valuer et enrichir 68 propositions concrètes. L'objectif : faire Ă©merger une douzaine de propositions consensuelles et applicables rapidement.

đź“… Du 10 au 17 mai, Biennale des villes en transition. Le Palais des Sports de Grenoble accueille la 5e Ă©dition de la Biennale des Villes en Transition, un Ă©vĂ©nement festif portĂ© par la Ville de Grenoble pour rĂ©flĂ©chir, apprendre, comprendre et imaginer la transition vers demain. Au programme : des ateliers, expositions, confĂ©rences, spectacles, mais aussi des formations pour les professionnels et des animations pour les enfants. La biennale s'associe notamment Ă  la dĂ©marche prospective de la ville de Grenoble : Grenoble 2040, Imaginons des quartiers favorables Ă  la santĂ©. L'occasion d'assister Ă  des ateliers, tables rondes pour imaginer ensemble un futur qui fait du bien, sans pour autant Ă©luder les crises qui s'accumulent, mais aussi de dĂ©couvrir l'incroyable Fresque Prospective de 26 m rĂ©alisĂ©e par l'Ă©quipe avec Hiba Debouk, Nicolas Tixier et GaĂ«tan AmossĂ©.

🏢 Station 45 : les bureaux qui ne dorment jamais. Saviez-vous que les immeubles de bureaux sont vides la majeure partie du temps ? En effet, les soirs et les weekends, ces lieux sont dĂ©serts et inoccupĂ©s, un vrai paradoxe Ă  une Ă©poque oĂą la sobriĂ©tĂ© foncière est sur toutes les lèvres. Heureusement, certains acteurs innovent et trouvent des solutions pour augmenter l'intensitĂ© d'usage de leurs mètres carrĂ©s. C'est le cas de Novaxia, entreprise d'investissement dans l'immobilier. Pour en savoir plus, Sylvain rencontre aujourd’hui Claire de La Casa, chargĂ©e d’immobilier solidaire chez Novaxia, qui nous fait visiter la station 45, le siège social de l’entreprise mais Ă©galement un lieu Ă  haute intensitĂ© d’usage puisque certains espaces sont mis Ă  disposition d’acteurs extĂ©rieurs, les soirs et les weekends. Dans cet Ă©pisode Claire nous explique le fonctionnement du lieu et les Ă©tapes qui ont permis son succès. (podcast dixit.net)

🌊 Climats de l’Ouest : Ă  la croisĂ©e des disciplines. “Climat” est un terme devenu banal et renvoyant Ă  une Ă©chelle globale aux contours flous. La revue trimestrielle 303, entre recherche scientifique et crĂ©ation artistique, consacre ce numĂ©ro aux climats de la rĂ©gion Pays de la Loire. Elle fait ainsi atterrir dans notre quotidien et nos paysages rĂ©gionaux cet insaisissable climat. Quelle influence ces phĂ©nomènes climatiques ont-ils eu sur notre architecture, nos cultures viticoles, nos attachements territoriaux et nos imaginaires collectifs ? Ce numĂ©ro fait le pont : entre Moyen Ă‚ge et Ă©poque contemporaine, entre climat global et mĂ©tĂ©o locale, entre changements passĂ©s et transitions Ă  venir.

“Le mot “climat” a longtemps défini un lieu : une portion de terre entre deux parallèles. (…) Contemporains de la question posée par Bruno Latour “Où atterrir ?”, nous renouons avec l’échelle locale. (…) Les Pays de la Loire : voici notre lieu, notre “lieu commun” : passage obligé en raison de sa brûlante actualité mais aussi territoire de partage où les enjeux locaux permettent de poser la question climatique en général.”

Manifeste pour un urbanisme circulaire (Sylvain Grisot)

À force de grandir, la ville se disloque. L’étalement urbain, unique modèle de développement depuis un demi-siècle, est inefficace. Structuré autour de la mobilité automobile, il montre ses limites : consommation de terres agricoles, pollutions, coûts exorbitants... mais surtout forme d’une ville qui a oublié les atouts de la proximité et qui accentue les fragmentations sociales.

Les politiques publiques ont jusqu’à présent échoué à réduire cet étalement. Il est donc temps de mettre en œuvre un modèle alternatif : l’urbanisme circulaire. Inspiré des principes de l’économie circulaire appliqués aux sols urbains, il appelle à concentrer les efforts de la fabrique de la ville sur l’intensification des usages, la transformation des bâtiments existants, la densification et le recyclage des espaces déjà urbanisés.

L’enjeu est aujourd’hui de passer de projets pionniers à un véritable changement de modèle pour bâtir une ville frugale, proche, résiliente et accueillante.

Commander

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