🏚️ Les crises du logement
Sur le front de l’immobilier, la crise fait rage. L’effondrement de la production neuve touche de plein fouet le secteur de la promotion, mais les effets de la déflagration s’étendent à tous les acteurs de la chaîne du logement et plus globalement de la fabrique urbaine : bailleurs sociaux, aménageurs, architectes, entreprises, collectivités… Mais il ne faudrait pas croire que c’est la seule hausse brutale des taux d’intérêt qui a provoqué cette crise. Les taux extrêmement bas des dernières années ont au contraire masqué les déséquilibres structurels du secteur, en compensant le dérapage des prix.
Le retour de ces taux à un niveau normal n’a été que le souffle qui a fait s’effondrer un château de cartes bien fragile. Et depuis, la machine est grippée, car il n’y a plus personne pour acheter des logements trop chers à construire sur un sol devenu prohibitif. Alors les problèmes s’accumulent en cascade : primo-accédants toujours moins nombreux, chute de la production de logements sociaux associée à la promotion privée, baisse de la rotation de locataires du parc social, crise du logement d’urgence, pénurie locative aggravée par les locations de courte durée…
Le bazar parlementaire nous a permis d’échapper à une loi logement qui se trompait sur les constats comme sur les solutions. Depuis, le feuilleton de l’été qui traîne en longueur a mis en pause toute réflexion ministérielle, mais la fumée blanche va bien finir par sortir de l’Élysée et il va vite falloir se remettre au travail. Mais c’est justement là qu’il ne faudra pas se tromper. Car on ne va pas s’en sortir avec une série de mesures égrenées sur papier glacé avec le logo de la Marianne. Pire, il n’y aurait rien à détricoter des orientations fondamentales comme le ZAN (qui doit bien sûr encore évoluer) ou en attachant le nom du (ou de la) ministre à un nouveau dispositif de défiscalisation.
Il va donc falloir s’attaquer au cœur du problème, et n’y a pas de politique du logement viable sans politique foncière, éluder la question serait se cantonner à amuser la galerie. Nous avons désormais besoin de retisser le modèle du logement autour de la maîtrise des prix de l’immobilier, des loyers et du foncier, car le logement ne peut plus être considéré comme un produit comme les autres, et encore moins comme un support spéculatif. Cela questionne nécessairement les modalités de détention du sol, notre rapport à la propriété, mais aussi le partage de la valeur induite par la fabrique de la ville a toutes ses étapes.
Le chantier est immense, alors pour nous aider à comprendre les crises du logement, j’ai échangé avec Catherine Sabbah, déléguée générale d’IDHEAL, l’institut des hautes études pour l’action dans le Logement.
— Sylvain Grisot (LinkedIn)
PS : Vendredi 4 octobre à Poitiers aura lieu la deuxième journée de notre formation à la redirection urbaine en partenariat avec le CEDIS, c'est le moment pour s'inscrire il reste des places ! Et il n’y a pas besoin d’avoir été présent à la première journée pour venir. Il s’agit d’une formation ouverte aux élus, agents des collectivités comme aux professionnel privés. (Informations et inscription)
📆 La rentrée s'annonce riche en événements, quelques dates à ne pas rater :
- Du 12 au 15 septembre, le festival Bellastock aura lieu sur le site de l'Éclair à Épinay-sur-Seine. Pour sa 18ème édition, intitulée STOCKOPOLIS, le festival explore les notions de stockage liées au réemploi. Ce chantier collectif invite les participants à construire et habiter une ville éphémère grandeur nature, tout en favorisant l’apprentissage, l’expérimentation et les échanges entre des publics variés. (Informations et inscription)
- Le 19 septembre à Paris (10e) de 9h à 12h30. La propriété ? Vol ou rêve ? La propriété ? On la trouve partout : dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, dans les analyses économiques des marchés du logement, dans les relations sociales, comme un refuge, un signe extérieur de richesse, un moteur de l'accroissement des inégalités. Idheal propose une matinée de réflexion autour de la propriété, en compagnie d'auteurs, des chercheurs et des acteurs de ce sujet qui nous concerne tous. (Informations et inscription)
- Jusqu’au 23 septembre, l'eXtrême Défi - Bioéconomie. L’Ademe lance un parcours d'innovation dont l'objectif est de faire émerger et de consolider des filières biosourcées territorialisées pour assurer la valorisation de biomasses sous-valorisées tout en préservant les écosystèmes associés. Les projets lauréats bénéficieront d’un accompagnement par l’Ademe pour accélérer leur développement. (Informations et inscription)
🏥 Accompagnement à la cession d’actifs immobiliers. Ce document de la MAPES marque un temps de réflexion après cinq années d'accompagnement d'établissements de santé de la région Pays de la Loire dans la cession d'actifs immobiliers. Alors que les besoins remontés du terrain semblent marquer une pause liée à un nouveau cycle d'investissements encore trop récent pour générer des processus de valorisation, il nous a semblé utile de faire un bilan d'étape du dispositif et d’envisager certaines évolutions. (le guide)
📗 Le futur par Naomi Alderman. La littérature romanesque se saisit aussi des thèses des crises écologiques et de l’effondrement, et c’est sans doute une bonne chose. Ici ces enjeux sont entrecroisés avec la puissance des grandes entreprises du numérique qui façonnent nos sociétés sans se préoccuper du lendemain. Le scénario haletant nous projette aux côtés de dirigeants qui préparent leurs arrières, d’une crise qui émerge et les pousse à se réfugier hors du monde, mais avec quelques surprises que vous découvrirez par vous-même. Reste une question à l’issue de cette lecture : si le croisement des crises écologiques et des enjeux du capitalisme numérique est un axe intéressant (et le sujet d’un essai dont nous parlerons prochainement), est-ce que le problème peut se réduire à la seule responsabilité de leurs dirigeants ? (éditions Gallimard)