L'homme qui plantait des arbres, par Jean Giono

Depuis 1953, « L’homme qui plantait des arbres » a fait le tour de monde. Le fait que Jean Giono ait re- noncé à ses droits d’auteur y est sans doute pour quelque chose. Conscient de la puissance transformatrice de cette histoire, il lui a laissé vivre sa vie dans plus d’une dizaine de langues, dans une démarche anticipant le développement des communs comme la montée des enjeux écologiques.

Mais plus d’un demi-siècle après l’écriture de ce texte, nous avons plus que jamais besoin de lire ou relire « L’homme qui plantait des arbres ». Car pour que nos villes restent habitables et désirables dans un climat qui se déglingue, elles ont besoin que nous y plantions mas- sivement des arbres. Alors, partageons l’obsession d’Elzéard Bouffier et semons nos rues, nos places, nos jardins comme nos parkings. Inspirons-nous aussi de cette histoire qui a su propager une idée simple et puissante, car le récit de la métamorphose heureuse de nos villes reste encore à écrire.

Mais prenons surtout exemple sur cet homme qui n’agit pas pour lui, mais pour demain. Alors que les crises du siècle nécessitent des actions immédiates qui ne porteront leurs fruits qu’à long terme, l’inaction prime. C’est la « tragédie de l’horizon » de Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui constate que décideuses et décideurs de tous poils sont englués dans l’immédiateté, alors que les engagements à prendre nécessitent de voir au-delà du budget annuel, du plan de développement à trois ans ou du mandat électif de six. Engager la redirection d’un secteur d’activité, fermer des infrastructures qui nous mettent en péril ou déployer une nouvelle canopée sur nos villes prendra du temps, et il faudra bien le prendre.

Alors, semons aussi des graines pour que demain reste possible. Dès maintenant.

– Sylvain Grisot