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Photo by Martin Sanchez / Unsplash

Depuis dix-huit mois, nous avons les yeux rivĂ©s sur les chiffres. Tous les jours, nous tentons de faire parler une batterie d'indicateurs, de courbes et de cartographies pour comprendre oĂč on en est. Et les chiffres sont formels : ça va mieux. Mais mĂȘme si les terrasses sont bondĂ©es et que plus de 13000 Français vont passer cette nuit Ă  l'hĂŽpital Ă  cause du virus.

Les donnĂ©es sont essentielles pour comprendre la dynamique de la pandĂ©mie, mais aussi pour agir. Quand on navigue Ă  vue, il vaut mieux y voir clair. Mais la donnĂ©e brute ne sert Ă  rien, encore faut-il la distiller finement pour en tirer des leviers d’action. On ne peut pas dire que les traitements officiels des donnĂ©es covid se soient illustrĂ©s par leur finesse, mais ici et lĂ  des citoyens ont fait le travail nĂ©cessaire pour rendre lisibles pour tout le monde ces donnĂ©es ouvertes. Merci Ă  eux.

Changeons de registre maintenant. Pour mesurer l'étalement urbain, on a longtemps été dépendant de sources de données qui n'étaient pas faites pour cela et donnaient des résultats fantaisistes. Le fameux "un département tous les dix ans" qui ponctue les discours ministériels vient de là. Un chiffre encore entendu récemment, pourtant contredit par les nouvelles données produites par le trÚs officiel Observatoire de l'artificialisation depuis une paire d'années, comme je l'explique dans les premiers chapitres du Manifeste (accessibles librement en ligne).

Alors saisissons-nous de ces donnĂ©es ouvertes pour mieux comprendre ce phĂ©nomĂšne de consommation de sols par la croissance de nos villes. C'est le moment, car nous avons des choix Ă  faire et donc le besoin d'y voir clair. Dans quelques jours, le Parlement devrait confirmer que les RĂ©gions vont ĂȘtre au cƓur de la bifurcation vers la sobriĂ©tĂ© fonciĂšre initiĂ©e par la loi climat rĂ©silience, et les 20 et 27 juin, nous votons justement pour dĂ©signer les exĂ©cutifs rĂ©gionaux.

Alors qui sont les mauvais Ă©lĂšves ? Pas de taux d'incidence ici, mais de la consommation de sol annuelle, rapportĂ©e Ă  la surface de chaque rĂ©gion. Quand on regarde ce rythme d'artificialisation, l'Île-de-France se positionne nettement en tĂȘte des rĂ©gions consommatrices sur la derniĂšre annĂ©e connue, suivie par la Normandie et la Bretagne ex aequo, les Pays de la Loire n'Ă©tant doublĂ©s que d'une courte tĂȘte. #pasbravo

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Mais faire parler des chiffres bruts, c'est aussi chercher sous les apparences, des Ă©lĂ©ments permettant de prendre les bonnes dĂ©cisions. Car nos RĂ©gions connaissent aussi des dynamiques de dĂ©veloppement trĂšs diffĂ©rentes. Quoi de commun entre nos deux seconds ex aequo en effet ? Entre 2009 et 2018, la Bretagne a connu une hausse de sa population de plus de 185 000 habitants, contre seulement 34 000 pour la Normandie qui connait pourtant un rythme d’artificialisation similaire.

Alors, changeons de point de vue sur ces donnĂ©es. En analysant la consommation fonciĂšre rapportĂ©e au nombre d'habitants accueillis sur la pĂ©riode, le palmarĂšs n'est plus tout Ă  fait le mĂȘme : la Bourgogne Franche-ComtĂ© porte le bonnet d'Ăąne, suivie par le Grand Est et la Normandie. Et qui consomme le moins de sols par nouvel habitant ? L'Ăźle de France !

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Voilà la démonstration qu'il n'est jamais simple de faire parler les chiffres, et qu'aucun indicateur n'est suffisant pour guider nos choix. Mais c'est aussi la démonstration que contrairement à une idée répandue la démographie d'un territoire n'est pas corrélée avec l'artificialisation de ses sols, et que la sobriété fonciÚre n'est donc pas un renoncement au développement. Et oui.

Alors, votez pour qui vous voudrez Ă©videmment, mais certains de vos candidats aux Ă©lections de la fin du mois sont peut-ĂȘtre plus conscients de ces enjeux que d'autres, et comptent se saisir de la clef du sol pour amorcer une transition plus globale dans nos territoires.

À mercredi prochain.

— Sylvain

PS : Last call pour mon webinaire sur l'urbanisme circulaire du mardi 15 juin Ă  9h, faites passer le mot autour de vous ;)

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Data · L’artificialisation a son observatoire

Le Plan biodiversitĂ© de 2018 a fixĂ© l’objectif de fournir des chiffres annuels et Ă  une maille fine de ce phĂ©nomĂšne et selon une mĂ©thodologie homogĂšne sur le territoire. L’observatoire de l’artificialisation rĂ©alise un traitement spĂ©cifique des Fichiers fonciers qui permettent aujourd’hui de disposer de ces donnĂ©es jusqu’au 1er janvier 2019. Des donnĂ©es ouvertes disponibles pour chacun.

A noter le 6 juillet Ă  10h : webinaire sur les enjeux et les perspectives de l'observatoire national de l'artificialisation des sols. (MinistĂšre de la transition Ă©cologique)


Ouverture · Lire, écouter, rencontrer, voir...

📅 Agenda

  • 9-10-11 juin : colloque sur les sols et sous-sols dans la transition Ă©cologique. (CNRS / Pacte)
  • 10 juin Ă  10h : confĂ©rence sur "la ressource en eau : au cƓur des solutions pour rĂ©inventer notre rapport au territoire et Ă  la conception des villes de demain ?"(Fondation AIA)
  • 22 juin Ă  14h : Sylvain animera un cycle thĂ©matique dans le cadre du Forum des Projets Urbains intitulĂ© “Modus operandi, ou comment faire collectif" avec Christine Leconte, Florian Dupont, Guillaume HĂ©bert, Fadia Karam et Vincent Aurez. (Forum des projets Urbains)
  • 25 juin Ă  11h : webinaire sur les neurosciences cognitives et urbanisme, la thĂ©orie de l’attachement au lieu, avec Emma Wilarem, citĂ©e dans le Manifeste pour un urbanisme circulaire. (Urbis le mag)

đŸŽ™ïž Émission. Sujet d'actualitĂ©, on parlait d'artificialisation des sols dans la Terre au CarrĂ©, Ă  Ă©couter bien sĂ»r ;) (France Inter)

📣 Élections. C'est le moment de vous rappeler d'aller voter pour vos rĂ©gions et vos dĂ©partements le 20 et 27 juin prochains. Et un article pour se rappeler le rĂŽle des RĂ©gions dans la transition environnementale. (Les Horizons)

📖 A lire. Quand l'improbable surgit, un autre futur revient dans la partie ! de Yannick Roudaut.

Un ouvrage qui mĂȘle pensĂ©e politique, philosophie, solutions concrĂštes, mais aussi des rĂ©cits d’un futur positifs qui ne sombrent pas dans la caricature. Yannick Roudaut, en rĂ©fĂ©rence Ă  Carl Gustav Jung, nous invite Ă  changer de trajectoire et Ă  faire l'Ă©loge de l'improbable. Car si l'on ne peut ĂȘtre complĂštement optimiste face aux changements climatiques et sociaux, l'utopiste nous rappelle qu'il faut faire preuve de patience et de tĂ©nacitĂ© pour dĂ©moder ce monde et en faire surgir un nouveau. Sans nier les difficultĂ©s, l'auteur refuse de tomber dans le mythe apocalyptique et le cynisme, et veut "rechercher par l'action le sourire intĂ©rieur et la joie". Un appel Ă  ouvrir nos sens et Ă  laisser la place Ă  l'improbable, car si l'humain peut influencer le cours des choses nĂ©gativement, il peut aussi le faire positivement. (Éditions La Mer SalĂ©e)

⚠ Appel Ă  projets. Vous avez jusqu'au 16 juillet pour proposer une dĂ©marche de capitalisation des connaissances sur l'attĂ©nuation et l'adaptation au changement climatique reposant sur l'Ă©volution des documents de planification territoriale et d'expĂ©rimentation de solutions. (ADEME)

📑 Veille. Une revue trĂšs complĂšte de liens et de livres dĂ©diĂ©e aux sols urbains par BĂ©rĂ©nice Gagne. À creuser. (École urbaine de Lyon)

đŸšČ La ville durable sera cyclable. La voiture Ă©lectrique est encore (trop) souvent prĂ©sentĂ©e comme la solution miracle aux problĂšmes de pollution en ville, mais Ă©lectrique ne veut pas dire "zĂ©ro carbone". L'Ă©tude prĂ©sentĂ©e dans cet article est catĂ©gorique : le vĂ©lo et les autres modes de dĂ©placements actifs sont les plus efficaces pour lutter contre l'urgence climatique. Étonnant. (The conversation)

đŸ–Œïž Il y a deux semaines, on vous expliquait pourquoi il faut repeindre nos toits en blanc. Mais en couleurs c’est pourtant trĂšs beau ;)

dixit.net est une agence de conseil et de recherche urbaine. Tous les mercredis, nous décryptons dans notre newsletter les grands enjeux de la ville et de ses transitions. Si vous la lisez pour la premiÚre fois, c'est le moment :

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